A la mémoire
Ce 3 Octobre 2008, 17h25 heure local, Bob Murphy a effectué son dernier "saut".
Le cancer qui le rongeait a eu raison de lui. Si vous passez par ici, arrêtez vous 5 minutes et pensez à ce que Grand Monsieur fit pour vous. Je ne t'oublierais jamais Bob, Merci pour tous!
Un tout grand merci à Bob Murphy d'avoir accepté et surtout prit le temps de répondre à mes questions. Merci à Michel Bara pour le soutient et les anecdotes. Merci à Emile Lacroix traducteur et aussi auteur du livre de Bob Murphy :"No Better place to die"
Robert « Bob » Martin Murphy est né à Boston le 7 juillet 1925, il fréquenta l’école paroissiale dirigée par des religieuses et une High School. Robert Murphy a aussi deux frères et une sœur. Robert fréquentait avec ses proches amis les plaines de sport ou les salles de gymnastique. Le père de Robert était sergent d’infanterie durant la Première Guerre. Robert voulut s’engager à l’âge de 17ans, il était à l’école supérieur. Malgré qu’il n’ait pas encore l’âge, il entra à l’école de parachutiste de Fort Benning, en Géorgie. Il fit intégré à la Compagnie A du 505th Parachute Infantry Regiment de la 82nd Airborne.
Le 10 Mai 1943, il débarqua à Casablanca avec la 82nd Airborne. Par contre il ne sauta pas sur la Sicile.
« J’était à l’hôpital avec un cas sévère de malaria ! »
Guéris, il sauta sur Paestum, à Salerne et combattit jusque Naples et la rivière Volturno, le 1 octobre 1943.
« Fin octobre, je m’engageait dans la première formation de pathfinder à la Pathfinder School Training. Nous avons débuté la 1er école officielle de Pathfinders lorsque nous sommes rentrés à l’aérodrome de Conise en Sicile lorsque nous sommes revenus de Naples en novembre 1943. »
Ensuite, il quitta l’Italie fin Novembre 1943 pour l’Irlande et ensuite pour l’Angleterre.
« L’entraînement pour devenir Pathfinder incluait 6 sauts d’orientation de nuit, mais comme nous étions détaché de notre régiment, nous devions quand même suivre un entraînement comme simple soldat. Il ne faut pas oublié que le travail d’un Pathfinder c’est guidé les appareils pour qu’ils larguent leurs sticks sur une zone déterminé. Ensuite, le Pathfinder redevient un simple homme de l’infanterie aéroportée ! »
Le 6 juin 1944, devenu Sergeant, Bob Murphy sauta sur la Normandie, en France. La mission de sa Compagnie A/505 était de se saisir et de tenir le pont de La Fière qui se trouve à l’Ouest de Ste Mère Eglise et qui enjambe le Merderet pour atteindre Cauquigny et Amfreville.
« Le saut fut très dure, je faisait partie des équipes de Pathfinders. J’atterris exactement sur la DZ à l’Ouest de Ste Mère L’Eglise. Nous fument rejoint par la Compagnie A du 1st Lieutnant John D Dolan. Tout le monde semblait être exubérant, plein d’entrain et prêt pour l’action. Il y avait une exaltation particulière et bizarre, un sentiment que les parachutistes ressentent après un saut de combat. Leur parachute s’est ouvert, ils ont atteint le sol, vivants.»
La mission du premier Bataillon fut accomplie dans la matinée du 6 juin. Mais ils durent faire face aux contre attaques des blindés Allemands. Puisque le seul moyen pour les Allemands pour pénétrer dans Ste Mère Eglise ou Utah Beach était par la chaussée et le petit pont de La Fière.
A 16h00, le 6 Juin, l’infanterie Allemande attaque soutenu par 3 tanks. Deux équipes de Bazooka avaient été placés près du pont.
« Les deux tanks se trouvaient à 15 ou 20 mètres l’un de l’autre avec le 3ème tank à 50 mètres derrière. Lorsque le tank de tête s’approcha à 40 mètres du pont, les deux équipes de bazooka de la Compagnie A manipulé par le Pfc Lenold Peterson avec son assistant, le Pvt Marcus Heim sur la gauche et le Pfc John D Bolderson avec son assistant Gordon C Pryne sur la droite, se levèrent et tirèrent des roquettes à partir du bord de la route. »
Ils détruisirent les tanks avant de se mettre à couvert et toujours sous le feu incessant de l’ennemi.
« Encore aujourd’hui, je ne peux comprendre comment aucun d’eux quatre n’a été tué. Ils tiraient et rechargeaient avec la précision d’une machine bien huilée. Je ne pense pas qu’aucune des deux équipes ne gaspilla un coup. »
Au soir du 6 juin, la Compagnie de Bob Murphy avait perdu ¼ de ses hommes. Le reste était enterré des deux côtés du Manoir, près du lit de la rivière, le Merderet. Le nombre des pertes allait encore augmentée avec l’attaque ennemie, la pire de toutes celle auxquelles ils avaient eu à faire face.
« Tant qu’on a jamais eu à faire face au sourire du faucheur de la mort sous la forme d’un ennemi qui approche, on peut difficilement comprendre la peur et la terreur qui traversent l’esprit d’un homme d’infanterie en ligne de front. Vous priez. Vous avez la peur de la mort dans votre esprit. Vous regardez les hommes armés et des tanks venir vers vous ainsi que des explosions d’artilleries et de mortiers et des shrapnells. Cette peur ne finit pas ou ne vous quitte pas jusqu’à ce que vous ayez l’opportunité d’ouvrir le feu. C’est surprenant mais lorsque vous êtes en train de viser et tirer vous oubliez les explosions autour de vous. Vous n’avez plus peur. Un éclat de shrapnell frappa l’arrière de mon casque et poussa ma tête en avant dans la boue pendant l’attaque. Heureusement, j’avais mon casque repoussé vers l’arrière de façon à avoir l’œil bien placé sur le viseur de mon fusil Garand. »
Les blindés ennemis furent stoppé juste avant le pont. Toujours grâce à la même équipe de Bazooka. Et aussi grâce au canon de 57mm. L’attaque Allemande fut repoussée. Le 8 juin, le 1er Bataillon du 505th PIR fut relevé et envoyé au Nord de Grainville. La 82nd combattit jusqu’au 11 juillet sans interruption. Avant d’être renvoyé en Angleterre. Bob Murphy passa plus de 50 jours à l’hôpital pour des blessures de shrapnels et quitta le centre de réhabilitation à temps pour effectuer le saut de combat du 17 septembre 44 en Hollande. Il fut parachuté à Groesbeck près de Nimègue. Il participa à la prise des ponts de Nimègue et de Grave. Il fit partie du groupe de para qui se fit encerclé par l’ennemi. Il en garde un très mauvais souvenir. Il échappa à la mort grâce à un « frère »
« Cela s’est passé à Groesbeck, en Hollande. Les combats étaient très violents. Ils se passaient à proximité des ponts. C’était des combats de rue, dans les maisons. Un soir, je me suis retrouvé en compagnie d’autres GI dans une maison. J’ai constaté que les Allemands étaient devant, mais aussi derrière la maison. Nous étions cernés. Nous étions dans une petite pièce. Une espèce de cave. Nos munitions étaient épuisées. Nous étions fatigués. Que deviendrons-nous ? Notre avenir immédiat était bien sombre ! Nous pensions à une issue fatale ou alors devenir prisonniers. Nous étions désespérés. C’est alors que nous avons vu un gars arriver au courant. Autour de son cou il avait des bandes de munitions, dans ses mains, un fusil, mais aussi un fusil mitrailleur trouvé sur place.
A son uniforme pendaient beaucoup de grenades… C’était un gars du 505th. C’était Dave Berardi. Mon pote, mon ami, mon frère ! A ce moment, ensemble, nous avons pu nous dégager de cet endroit et rejoindre nos lignes. Ce jour là, il fut notre sauveur. Sans lui… Que serions nous aujourd’hui ? »
Son « frère » Dave Berardi décèdera dans les Ardennes quelques mois plus tard. Bob Murphy ne le sera que très tard. Il ne combattit pas dans les Ardennes.
« Je fut de nouveau très malade en Belgique. Une rechute de la malaria. Des combats dans les Ardennes, je n’ai rien vu. Excepté quelques tirs de mortiers ou de canons allemand. »
Il quitta l’armée avec le grade de Sergent.
Robert Murphy épousa Barbara qui lui donna 5 enfants. Malheureusement, Barbara décèdera laissant Robert les élever seul.
Après la guerre, il termina son école supérieure, allant au collège et ensuite à l’école de Droit.
Il devint avocat de première instance très réputé au Massachusetts ainsi que dans d’autres juridictions.
« En 1961, je travaillais à Boston comme avocat de première instance et comme manager de la campagne du comité local pour e Président John F Kennedy, nouvellement élu. »
A l’heure actuelle et à plus de 80ans, Robert Murphy plaide encore des cas devant le tribunal. C’est d’ailleurs un homme très occupé !
Robert Murphy participe aussi activement à toutes les commémorations de la bataille de Normandie.
« J’y suis retourné pour la première fois en 1961. J’ai dit à Madame Renaud, l’épouse du maire de Sainte Mère l’Eglise que je voulais sauter sur la région en parachute pour le 20ème anniversaire avec notamment John F. Lee. Nous avons apportés nos propres parachutes. Nous avons sautés pour le 20ème anniversaire, puis nous l’avons encore fait les années suivante, toujours pour l’anniversaire du D-Day. »
Camp Croft, Caroline du Nord, novembre 1942 - Bob Murphy à 17ans.
Photo prise au Camp de base "Tent city" de Quorn en Angleterre.
Bob est âgé de 18 ans. Nous sommes en mai 44.
Robert Murphy à une rue qui porte son nom à Ste Mère Eglise.
Photo prise le 1er Octobre 1943 à Naples