Orin D. Haugen
Le 127th Bataillon du génie fut créée le 12 novembre 1942. Il fut activé comme élément de la 11th Division le 25 février 1943 au Camp Mackall en Caroline du Nord. Le bataillon se composait de trois compagnies nommées A, B et C plus une compagnie de services et le QG. De sa date d’activation jusqu’à la fin de la guerre, le 127th est commandé par le Lieutenant Colonel Douglas C. Davis. Ce fut la deuxième unité de génie à être activée, la première étant le 307th Airborne Engineer Battalion (assigné au 82nd). Après la guerre, se seront les seuls bataillons à ne pas être dissout. La première phase de formation et d’organisation du 127th se passa au Camp Mackall. Les membres du 127th, en plus de l’entraînement traditionnel, ils eurent à résoudre les problèmes imposés par leur condition de force aéroportée. Le « travail » était donc double, un entraînement de parachutiste et une formation de soldat du génie (construction et destruction) et cela sur une période courte de février 1943 à janvier 1944. A cette date, la 11th Airborne fut envoyée au Camp Polk en Louisiane pour un entraînement intensif sur les combats de jungle.
De février jusqu’au début avril 1944, la 11th s’entraîna au cœur du pays des marais en Louisiane formant les officiers et les soldats aux conditions de la jungle. Le bataillon du génie reçut une formation sur la construction de route et de terrain d’aviation dans ces conditions. Cette formation allait s’avéré être de grande valeur durant les combats dans les jungles denses des îles Pacifiques. Certaine opération se fit dans une jungle tellement dense que le commandant portait lui-même une machette pour dégager ses passages.
Le 18 avril 1944, une première partie du bataillon parti pour San-Fransisco en Californie au Camp Stoneman et préparer l’arrivée de toute la division. Le 27 avril, la division arrive et embarque le 30 pour un voyage de 28 jours sur l’océan Pacifique direction les îles de la Nouvelle-Guinée
Photo des Officiers supérieurs du 127th Airborne Engineer Company
Après un long voyage en mer, les ingénieurs débarquèrent à Dobodura, en Nouvelle-Guinée, à la fin mai 1944, et se trouvèrent immédiatement confrontés aux défis d’un environnement tropical. À peine arrivés, ils entreprirent sans délai la construction d'une « école de saut », un projet achevé rapidement qui permit d’ouvrir les installations dès le 16 juin 1944.
Le 25 juillet, après un entraînement intensif, 290 hommes reçurent leurs brevets de parachutistes, marquant une étape cruciale dans leur préparation. En parallèle de la construction, le 127th se concentra également sur la formation tactique, incluant le saut en conditions de combat et le travail de démolition. Cette formation tactique se poursuivit tout au long de l’été et de l’automne 1944, afin de préparer les soldats aux défis des futures opérations de combat.
Outre ces activités de formation, le 127th s’occupa de construire et d’entretenir des pistes d’atterrissage, des routes et des ponts pour faciliter le transport des troupes et des équipements. Ils effectuèrent également des opérations de déminage et sécurisèrent les zones de combat, tout en assurant un soutien logistique crucial, notamment en construisant des dépôts de ravitaillement et de stockage pour les munitions.
Finalement, en novembre 1944, la 11th Airborne Division reçut l'ordre de se déployer aux Philippines pour participer aux combats sur l’île de Leyte. Leur mission principale était de relever la 7th Infantry Division, qui avait subi de lourdes pertes le mois précédent. Le 6 novembre 1944, le 127th Airborne Engineer Company, après plusieurs mois de préparation intensifiée, embarqua pour Leyte, prêt à soutenir les opérations de combat. Ainsi, cette période à Dobodura permit au 127th Airborne Engineer Company de consolider ses compétences techniques et tactiques, tout en assurant le succès logistique de la 11th Airborne Division. Leur engagement dans la construction, le déminage et la formation fut essentiel pour garantir le succès des futures campagnes dans le Pacifique.
Après leur arrivée à Leyte, le 127th Airborne Engineer Company du génie se lança dans des opérations de soutien cruciales pour l’effort de libération de l’île aux Philippines. Dès les premiers jours, les ingénieurs accomplirent la tâche remarquable de créer un itinéraire principal d’approvisionnement en seulement deux jours. Ils construisirent également un pont traversant une rivière en crue, rendue torrentielle par les pluies incessantes, ainsi qu'un hangar de séchage et de stockage pour protéger les parachutes de l'humidité, et une piste d'atterrissage à San Pablo.
Le 6 décembre, lors d'une patrouille sur la piste d’atterrissage, le Lieutenant Paul J. Pergamo et son peloton de vingt hommes furent soudainement confrontés à une attaque. Deux bombardiers ennemis larguèrent des bombes incendiaires, enflammant les pompes à essence. À peine dix minutes plus tard, deux groupes de parachutistes japonais furent largués à seulement 230 mètres de leur position. Réagissant sans attendre, Pergamo et ses hommes attaquèrent le groupe le plus nombreux, plongeant les assaillants dans la confusion et les forçant à se diviser en petits groupes. Tout au long de la nuit, malgré des positions retranchées précaires, ils résistèrent à trois assauts successifs. À l'aube, les corps des ennemis jonchaient le sol, certains à moins de cinq mètres de leurs positions. Pour son courage, le Lieutenant Pergamo reçut la Silver Star.
Le lendemain matin, l’ennemi lança une nouvelle offensive. En réponse, le commandant de la division ordonna au Lieutenant-Colonel Davis de prendre en charge la défense du poste de commandement et de dégager les zones proches de la piste. Davis organisa rapidement des troupes de défense autour du poste de commandement, formant également deux groupes d’attaque. Le premier groupe, constitué uniquement de membres du génie, tandis que le second, composé de membres du génie et soutenu par le 674th Field Artillery Battalion, devait coordonner son assaut une fois arrivé sur le terrain. Le 127th Engineer Company fut alors réparti en cinq pelotons, rattachés aux compagnies A et C, avec trois pelotons de la compagnie B ajoutés pour renforcer la compagnie C.
Au matin du 7 décembre, le 674th Field Artillery arriva sur place, et Davis donna ses ordres : le Major Eisenberger mena les ingénieurs sur le flanc gauche, tandis que l’artillerie couvrait le flanc droit. Sur le flanc gauche, le génie rencontra une résistance intense à l’ouest, mais une manœuvre de flanc surprise de la compagnie A permit de repousser l'ennemi, avançant de 280 mètres. Sur le flanc droit, l’artillerie progressa de 650 mètres avec peu de résistance. En l'absence de moyens de communication, les deux groupes maintinrent le contact par messager jusqu'à l'arrivée des opérateurs radio de la Signal Company à 9h45, juste à temps pour coordonner l'approvisionnement en munitions alors que les troupes étaient presque à court.
À 10h45, les unités reçurent l’ordre de se retirer et d’établir un périmètre défensif autour de la piste. Tout au long de la nuit, elles se défendirent avec acharnement. Pendant cette période, deux soldats du génie, les soldats Eritas A. Jolley de Houston et Alien W. Osborne, tombèrent par hasard sur un drapeau ennemi accroché à un arbre. Sous le feu ennemi, ils tentèrent de le décrocher, mais durent finalement abattre l'arbre avec une hache pour le récupérer. Ce drapeau, arborant l’inscription « Tsuno Waru Shiral, Kalori Shimpei » (signifiant « battez-vous pour votre pays ») et signé par le Lieutenant Général Kyojito Mikiaga, fut remis au Major General Joe Swing, commandant de la 11th Airborne Division, puis transmis au Lieutenant General Robert L. Eichelberger de la 8th Army. Le drapeau est aujourd'hui conservé au musée de West Point.
Le 8 décembre, après plusieurs jours de combats acharnés, le 127th Airborne Engineer Battalion fut relevé par l’artillerie pour reprendre son travail de construction. Selon le Général Eichelberger, dans son ouvrage The Jungle Road to Tokyo, plus de 300 soldats japonais furent tués à proximité de la piste d’atterrissage le 7 décembre 1944, un témoignage poignant de l’engagement et de la détermination des ingénieurs du 127th.
Après leur débarquement à Nasugbu Bay le 31 janvier 1945, les troupes du 127th Airborne Engineer Company, intégrées à la 11th Airborne Division, entamèrent leur progression dans les terres de Luzon, aux Philippines. Dès leur arrivée, les ingénieurs furent confrontés à une résistance ennemie farouche, marquant le début d’une série d'opérations de soutien indispensables pour les forces alliées engagées dans la libération de l’île.
Dans un premier temps, les missions du 127th Airborne Engineer Company incluaient la construction et l’entretien de pistes d’atterrissage, de routes, et de ponts, afin de faciliter les déplacements des troupes et le transport d'équipements. Ce travail d’infrastructure permit d’assurer une meilleure mobilité et un soutien logistique vital pour les unités de combat. En parallèle, le 127th joua un rôle essentiel dans les opérations de déminage et de sécurisation des zones de combat. Ces efforts permirent de rendre les avancées plus sûres et d’établir des bases avancées et des dépôts de ravitaillement pour les troupes alliées, consolidant ainsi leur emprise sur Luzon. Les conditions de travail étaient particulièrement éprouvantes. Les ingénieurs durent composer avec un environnement hostile, incluant des conditions climatiques extrêmes, un terrain difficile et la menace constante de maladies tropicales. Malgré ces difficultés, le 127th coordonna efficacement ses efforts avec les autres unités de la 11th Airborne Division, assurant une synergie opérationnelle qui renforça l’impact de leurs missions sur le terrain. Grâce à leur travail acharné, les ingénieurs du 127th contribuèrent de manière significative à la libération de Luzon. Leur expertise dans la logistique et les infrastructures facilita la reprise de l’île par les forces alliées, permettant à celles-ci de poursuivre leurs opérations dans d’autres parties des Philippines. Après la libération de Luzon, le 127th Airborne Engineer Company entama des préparations pour les opérations futures, incluant un entraînement continu et une réorganisation en vue des combats à venir. Leur succès à Luzon posa les bases de leurs interventions ultérieures aux Philippines, où leur engagement et leur compétence contribuèrent grandement à la libération de l’archipel du joug japonais.
Après les combats intenses sur Luzon, le 127th Airborne Engineer Company fut déployé à Okinawa, au Japon, le 11 août 1945. Bien que la bataille d’Okinawa se soit officiellement achevée le 22 juin 1945, l’arrivée du 127th sur l’île marqua une période de stabilisation et de préparation pour les opérations futures.
À leur arrivée, les ingénieurs débarquèrent dans un contexte de fin de guerre, avec pour mission de sécuriser et stabiliser l’île après les violents affrontements qui avaient eu lieu plus tôt dans l’année. Les troupes s’installèrent dans des camps temporaires, organisant des patrouilles régulières afin de maintenir l’ordre et d’éviter toute résurgence d’activité ennemie. Le 127th Airborne Engineer Company fut chargé de sécuriser les zones stratégiques et de superviser la reddition des forces japonaises résiduelles, contribuant ainsi à restaurer la sécurité sur l’île. En prévision de l’occupation imminente du Japon, les ingénieurs prirent également part à des exercices de préparation et à des missions de reconnaissance pour anticiper les besoins logistiques et sécuritaires. La reddition officielle du Japon fut annoncée par l’empereur Hirohito le 15 août 1945, changeant radicalement la mission du 127th. Avec la fin de la guerre, leurs activités se réorientèrent, passant de la préparation au combat à la gestion de l’après-guerre. Dès le 30 août, le régiment commença les préparatifs pour son rôle dans l’occupation du Japon, se concentrant sur la reconstruction et la stabilisation des zones sous contrôle allié.
Cette période à Okinawa fut cruciale pour le 127th Airborne Engineer Company, marquant la transition de la guerre active vers la phase de reconstruction post-conflit. Les ingénieurs jouèrent un rôle clé dans la sécurisation de l’île et dans la préparation des opérations d’occupation qui allaient suivre, assurant ainsi une transition en douceur vers la paix et la reconstruction.
Après leur mission à Okinawa, les troupes du 127th Airborne Engineer Company furent déployées à Tokyo, où elles jouèrent un rôle essentiel dans l’occupation du Japon et la reconstruction du pays. Le 30 août 1945, les premiers éléments du régiment arrivèrent à Tokyo, marquant le début de leur mission d’occupation. Une fois sur place, les soldats s’installèrent dans des quartiers généraux temporaires et commencèrent à organiser des patrouilles pour maintenir l’ordre et la sécurité dans la capitale japonaise. Leurs missions furent multiples et cruciales. Le 127th Airborne Engineer Company fut chargé de sécuriser les infrastructures essentielles, de superviser la reddition des forces japonaises et de participer activement à la reconstruction des zones dévastées par les combats. En parallèle, les soldats assurèrent également la sécurité autour des procès des criminels de guerre japonais, organisés dans le cadre du Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, qui se déroulèrent entre 1946 et 1948.
Au quotidien, les membres du régiment interagirent avec la population locale, apportant leur aide à la distribution de nourriture et de fournitures et participant à des projets de reconstruction communautaire pour soutenir la relance du pays. En dehors de leurs missions, les soldats prenaient part à diverses activités de loisirs et de détente, afin de maintenir le moral des troupes pendant cette période prolongée d’occupation.
Cette période à Tokyo fut marquée par des efforts de stabilisation et de reconstruction, avec le 127th Airborne Engineer Company jouant un rôle central dans la transition du Japon vers la paix, contribuant ainsi à la reconstruction du pays après la guerre.