A la mémoire
C'est avec beaucoup de tristesse que je vous fait part du décès de mon ami Bill Guarnere.
Il s'est éteint le samedi 8 mars 2014. Si vous passez par ici, arrêtez vous 5 minutes et pensez à ce que Grand Monsieur fit pour vous.
William J. Guarnere est né le 28 avril 1922 dans la banlieue sud de Philadelphie en Pennsylvanie. Il est le plus jeune d’une famille de 10 enfants.
A l’âge de 15 ans, il est inscrit par sa mère au CMTC (Citizen Military Training Corps) un programme d’aide pour les jeunes âgées de 15 à 17 ans pendantla répression. Ledébut de la guerre mi fin au programme et Will quitta le CMTC après trois ans.
William Guarnere au Camp Toccoa en 1942
William travailla d’abord à la Baldwin Locomotive Works avant de s’engager en juin 1942 dans les parachutistes. Il incorpora la Compagnie E du 2ème bataillon de la 506st Parachute Infantry Regiment de la 101st Airborne.
Il est nommé Sergeant durant l’été 42.
Quelques jours avant le D-Day, William appris le décès de son frère sur les pentes du Mont Cassino en Italie. C’est un homme furieux et ivre de douleur qui est largué sur la Normandie.
"A ce moment, plus rien n'avait d'importance, je ne pensais qu'à mon frère qui avait été tué. J'étais fou de rage. C'est pour ça que le jour J, je me suis promis que je tuerais tout les Allemands qui croiseraient mon chemin. On m'a surnommé Bill Le sauvage parce que j'en ai tué beaucoup le Jour J."
"Le tir anti-aérien posait problème! L'artillerie anti-aérienne était terrible! C'était comme la fête national du 4 juillet en dix fois pire!" "On voulait sortir de l'avion le plus vite possible! Peu importait si on était trop haut ou trop bas! On voulait sortir! On se faisait tirer dessus!"
William participera à la prise de la batterie du manoir de Brécourt qui était composé de 4 canons de 88. Pour ce fait d’arme, il recevra la Silver Star.
"Je ne pensais pas que je survivrais au Jour-J. Et encore moins aux jours suivants. Je pensais être tué le premier jour. Les chances de survie étaient faibles. La Easy a eu 3 mois pour récupérer avant la mission suivante. Je me suis fais faire ce tatouage sur le bras qui représente un parachute, à Edimbourg en Ecosse en 1944 avec le soldat John Martin."
De retour à Aldbourne, il est nommé sergent chef. Le 17 septembre, il sauta sur la Hollande (Opération Market-Garden).
"C'était un dimanche à midi, il faisait 21°. Une fois au sol, tout le monde s'est réunis. On s'est très vite regroupés. Les Hollandais nous appelaient "les Anges du ciel" Ce n'était pas faux. Le pays était occupé par les Allemands depuis 4 ans. C'était terrible. Et des parachutistes sont tombés du ciel. Qui étaient-ils? Des Anges. Ils nous aimaient!"
Le 5 octobre, Guarnere participa à une contre offensive menée par le Capitaine Dick Winters. Cette contre-offensive mi en déroute deux compagnies de SS qui se préparaient à attaquer le QG de la 506st PIR. Ensuite, durant le mois de décembre, il participa à la défense de Bastogne. C’est à cette occasion qu’il fut grièvement blessé. Le 1er janvier, la compagnie fit mouvement vers le village de Foy toujours aux mains des Allemands. Le bois qu’ils occupèrent se nomme le Bois Jacques. A peine arrivé, les Allemands donnèrent du canon. Le Sergent Toye, ami de Guarnere fut grièvement blessé.
"C'est le pilonnage le plus violent que j'ai connu, le plus violent du monde! il fallait le voir pour le croire!
D'habitude, j'avais la trouille, mais là j'étais pétrifié. C'était comme-ci le monde entier nous tirait dessus!"
Aussi soudainement qu’il avait commencé, le bombardement stoppa. Guarnere sortit de son foxhole pour porter secours à son ami. A ce moment, l’artillerie tonna à nouveau. Un obus éclata au dessus de sa tête, des éclats lui déchiquetèrent la jambe droite. Toye et lui furent envoyé à l’infirmerie et rapatrié vers l’Angleterre.
"Joe a dit: Bon Dieu! Que faut-il donc que je fasse pour mourir?" Il avait été gravement blessé à la jambe! Il criait: Toubib!!" Et aucun médecin ne venait. Je suis allé lui donner un coup de main... J'ai été touché."
Il fut amputé de la jambe, au dessus du genou. Il fut démobilisé pendant l’été 1945, il obtint une pension d’invalidité à 80%.
William Guarnere à sa sortie de l'hôpital
William « Wild Bill » Guarnere fini la guerre avec le rang de Staff Sergeant. Il sera décoré de la Purple Heart (Bastogne), la Silver Star, la Bronze Star, la Victory Medal, la Good Conduct Medal et la Presidential Unit Citation. Après la guerre, il se maria et eu 5 enfants.
Il travailla comme imprimeur, vendeur, employé au ministère des anciens combattants et menuisier charpentier et tout cela avec une jambe artificielle.
"J'étais dans le bâtiment. C'était un travail difficile, fatiguant. J'ai fais tout les métiers. Citez un métier, je l'ai fait. On a tous bien réussi, moi aussi, j'ai réussi, grâce à Dieu."
Il fini par avoir en 1967 une pension d’invalidité à 100%. Il se débarrassa de sa jambe artificielle et depuis se déplace en béquille. Il vit à South Philly.
A propos de ces compagnons:
"Aujourd'hui, ce lien entre nous est toujours là. Ça ne s'explique pas. Quand je les revois, je repense à toutes ces batailles. Ces hommes ont une place à part à mes yeux."
Il participait encore il n’y a pas si longtemps à des commémorations.
"Les héros sont allongés sous les croix. Ce sont ceux qui sont dans les cimetières. Ce sont eux les vrais héros, pas nous! On a fait notre boulot c'est tout! Et grâce à Dieu, on est revenus vivant. C'est tout!"
Mais il paraîtrait que se fut sa dernière apparition. L’âge aidant, il veut finir sa vie en paix et au calme.
Dernière apparition de Guarnere en Belgique le 16/09/2006