A la mémoire
C'est avec beaucoup de tristesse que je dois vous faire part du décès de Richard Manning survenus le 20 mai 2013.
Repose en paix Dick. Merci pour ton amitié, pour ton aide aussi.
Un très grand merci à Dick pour avoir pris le temps de répondre à mes questions. Pour m'avoir consacré de son temps. Et aussi pour les documents qu'il m'a envoyés.
Richard “Dick” Manning est né le 2 septembre 1924 en Caroline du Nord. Son père, John H Manning est militaire de carrière.
« Mon père s’est engagé comme Private dans la National Guard de Caroline du Nord en 1913. En avril 1914, il fut promu Capitaine et un peu plus tard, son unité servit sous les ordres du Général « Black Jack » Pershing lors de son expédition au Mexique. »
« A peine rentrée, en février 1917, que son unité reparti pour le front en Europe en mai 1918 L’unité de mon père est réorganisée dans le cadre du 119th Infantry Regiment de la 30th Infantry Division. Après la période d’entraînement, la 30th Division fut envoyé en France en Mai 1918 pour devenir un élément de l’AEF encore sous les ordres du Général Pershing. »
John H Manning
« Durant ma jeunesse, j’ai rencontré et appris à connaître le Général John Van B Metts, qui était le commandant du 119th Infantry, le régiment de mon papa, durant la guerre. Sa maison se situait en face de c’elle de mes Grands Parents. »
Après l’Armistice, en Novembre 1918, le Major Manning accepta l’opportunité qui lui fut offerte de rester avec le Quartier Général de l’AEF à Paris. A Paris, il fut assigné comme Officier de liaison pour conduire le Sous Secrétaire de la Navy, Franklin Delano Roosevelt et son épouse Elinor, durant 3 jours sur les champs de bataille en France et en Belgique. Elinor Roosevelt raconta cette excursion dans un de ses livres. Le Major Manning retourna en Caroline du Nord en Juillet 1919 et resta avec la 30th Division qui fut désactivé du service Fédéral et retourna dans son rôle de Garde National en Caroline du Nord et dans le Tennessee. Plus tard cette année là, il fut nommé Lieutenant Colonel du 120th Infantry Regiment de cette division.
C’est donc dans ce cadre militaire que naquit Richard « Dick » Manning. Il était donc tout naturel qu’il embrasse une carrière militaire.
« A ce moment, j’étais âgé d’environs 9 ans. J’ai commencé à resté plus longtemps au Camp d’été de la Garde au Camp Glen près de Morehead en Caroline du Nord, avec les fils des autres hommes de la Garde.
De 1933 à 1938, je fus entraîné avec les autres jeunes garçons à certaine question militaire y compris l’utilisation de différentes armes à feu dont la plupart j’étais déjà familier avec mes précédents séjour au Camp Glen. Avant mon 11ème anniversaire, j’étais qualifié comme fusilier expert avec l’arme standard de l’US Army, le Springfield 1903 qui était une arme excellente mais qui reçut une véritable transformation.
Un an plus tard, je fus qualifié comme expert en mitrailleuse Browning à refroidissement à eau. Nous avons aussi pratiqué quelque petite action militaire avec les hommes de la Garde où nous étions traités presque comme des hommes, plus de petits garçons. Plus j'en apprenais sur ces camps, et moins mes soldats d'encadrement me paraissaient intéressants. »
À la fin de chaque camp d'été, en apothéose, il y avait un défilé en uniforme au cours de laquelle les troupes défilaient pour être passé en revue devant la tribune où le commandant du régiment, le colonel Don Scott, un ami de longue date de son père ainsi que son père, commandant en second saluaient les hommes. Le dernier groupe à passer devant la tribune se composait des petits garçons, les fils des membres de la Garde, vêtus d'uniformes, qui ont tous salué les grandes figures sur la tribune!
« J'ai adoré chaque instant de mon temps au Camp Glenn, et bien sûr mon ambition était de devenir un soldat comme mon père. »
« Puis vint les 29 et 30 septembre 1938, et la Conférence de Munich, quand Neville Chamberlain, avec les Français et les Italiens remirent les Sudètes à Hitler, à la frontière allemande. Chamberlain retourna en Angleterre et fit son infâme discours prometteur "Peace in Our Time". Puis vint mars 1939, l'occupation de Prague, puis la prise de l'ensemble du territoire de la République tchèque.
Probablement à cause de tous ces événements, en août 1939, la Garde nationale ne se rendit pas au Camp Glen, mais plutôt, se rendit pour des manœuvres dans les marais de Louisiane, près de la rivière Rouge, à la frontière ouest, près du Texas. Comme toujours, j’y suis allé aussi et j'ai réalisé que l'exercice était assez proche de "la vraie chose."
Le 1er septembre 1939, la veille de mon 15ème anniversaire et seulement onze mois après que Neville Chamberlain a fit son discours sur "La paix pour notre temps", les divisions de Panzer allemande commencèrent l'invasion massive de la Pologne. Immédiatement après l'invasion de la Pologne, à leur gloire éternelle, l'Angleterre et la France déclarèrent la guerre à l'Allemagne. La Seconde Guerre mondiale avait commencé. »
« Puis, vers la fin du mois d'avril 1940, à table lors du dîner, mon père, qui était alors colonel et commandant du 120th Infantry, nous annonça que nous devions nous préparer à son absence durant une longue période. Il a dit que même si la loi le permettant n'a pas encore été présentée au Congrès, la Garde nationale allait être remise en service actif au niveau Fédéral le 16 septembre, dans un peu plus de 4 mois. Il nous dit que l'appel ne durerait qu’une seule année, mais il pensait qu'il serait absent plus longtemps que cela. »
« Sans dire un mot à mes parents, j'ai décidé que je ne pas me laisser distancer par mon père. Si une guerre venait, je voulais en être! Même si je n'avais que 15 ans, je me suis décidé de faire mon devoir avec mon père. »
« Le lendemain, je suis allé à la National Gard Armory où j’y ai rencontré le Capitaine John Allen, le commandant de la compagnie de la section locale de la Compagnie de la Garde Nationale, qui me connaissait depuis longtemps aussi longtemps que je m’en souvienne. Lui et mon père avait servi ensemble pendant et après la guerre, et ils étaient des amis proches. J'ai dit au capitaine Allen que j'étais là pour entrer dans la Garde Nationale. Franchement surpris, il m'a demandé quel âge j'avais, même s'il savait que je n'avais que 15 ans. J'ai dit que j'avais 18 ans, et lui ai donné une date de naissance, le 22 avril 1922, ce que j'avais calculé avant que j'arrive. Le Capitaine Allen s'est ensuite rendu à un autre bureau. Quand il revint, il dit: «OK Soldat, nous allons vous inscrire! J'ai rempli les formulaires et j'ai été assermenté, puis je l'ai salué. J'étais dans la Garde nationale. »
« Plus tard, j’ai appris que, lorsque le capitaine Allen quitta le bureau c’était pour téléphoné à mon père, et lui dire que j'étais là, voulant être admis dans la Garde nationale, et lui demander ce qu'il devait faire, comme je savais, il savait que je n'étais pas assez vieux pour être recrutés. Mon père lui dit: «Quel âge a t-il dit qu'il avait? » Allen répondit: «Il dit qu'il a 18 ans. » Mon père a rapidement répondu: «Eh bien, par Dieu, il a 18 ans, qu’il signe donc! »
« Ce soir là, au moment du dîner, il me dit très sérieusement : « Fils, tu as donné ta parole aujourd’hui à ton pays que tu avais 18 ans. Il ne faut jamais revenir sur ça parole, de sorte que tu viens de vivre ton 18ème anniversaire. » J’ai rapidement répondus : « Mon Colonel, vous ne pouvez pas me dire ce que j’ai à faire, je sais ce que j’ai fait et je tiendrais parole. »
« Quelques jours plus tard, le capitaine Allen m'a appelé et m'a dit qu'il y avait eu une erreur dans les documents au sujet de mon enrôlement dans la Garde, j'ai donc eu la chance de revenir en arrière puisque je n'était pas officiellement enrôlé. Sans le dire à mes parents, je lui ai dit que je serais là pour mettre les choses au clair, et je suis retourné à l'Armory et refait la paperasserie, et ils ont obtenu le droit à la seconde fois, dès lors ma date d'incorporation officielle ne fut pas avril 1940, mais Mai 1940. Mais je fus engagé à partir de l'instant où Captain Allen dit que j'étais dans le coup, et je n'ai jamais regretté! »
Richard Manning ( à droite) et son père (à gauche)au Fort Jackson en Caroline du Sud.
« Tout d'abord, à propos de la Première Guerre mondiale, comme je vous l'ai dit, mon père accompagna le sous-secrétaire de la Navy, Roosevelt et son épouse pour une tournée de trois jours sur les champs de bataille. Des années plus tard, dans des circonstances différentes, alors Président, Roosevelt se rappela de l’excursion avec mon père. »
« Un jour, lors de l’été 1941 à Fort Jackson, quand j'étais encore qu’un Private, on nous a dit qu'il y allait avoir un passage en revue de toute l’unité par le président Franklin D. Roosevelt. Bien sûr, c’était un gros trucs, cela signifiait que tous les équipements, les bâtiments devaient dans un parfait état pour le Président qui était notre commandant en chef. »
« Le jour de l'arrivée du président, la Compagnie reçut l’ordre de sortir pour une inspection tôt le matin et tout fut jugé dans un bon ordre. Les unités ont ensuite défilé un par un, sur la route principale de Fort Jackson. Il y avait des dizaines de milliers de GI's qui bordaient la route, le tout en formation, à environ une heure ou deux avant que le Président n’arrive. En premier lieu, l’entièreté du 120th Infantry Regiment avec en tête, mon père, commandant le régiment. »
« Durant le défilé du président des troupes, qu’il fit à bord d’une voiture décapotable, il fit deux arrêts inopinés au hasard, devant deux des commandants de régiment, dont l'un se trouve être mon père. Lorsque la voiture du président s'est arrêtée devant lui, mon père s'avança et salua le président. Mon père a ensuite été présenté au président Roosevelt par le commandant, un général qui était au volant de la voiture avec le Président. Nous avons pu voir que certains mots ont été échangés mais nous ne pouvions entendre. Le président s'est mis à rire. Mon père m’expliqua plus tard que l'échange donna à peu près ceci: «Monsieur le Président, c'est le colonel John Hall Manning, commandant du 120th Infantry Regiment. » Le président a répondu: « Oh, je me souviens très bien du Colonel Manning, je l'ai connu quand il était Major et La voiture de service en France ne pouvait pas roulé en dessous des 100 km/h. » C'est à ce moment là que le Président Roosevelt a commencé à rire. Mon père m'expliqua qu'ils avaient fait le tour dans une voiture de service décapotable, que mon père conduisait souvent assez rapidement, et une fois, lors d’un accident, la voiture fit un tête à queue de 360 degrés sur la route, après quoi ils avaient continué indemnes. Clairement, le Président n'avait jamais oublié cette tournée avec mon père. »
« Avance rapide jusqu’en mars 1943, quand j’étais à l’école de Parachutiste au Fort Benning, l’anecdote suivante se produisit :
Nous avons été ensuite introduit à la tour de parachute, qui était haut de 70 mètres et qui a été utilisé à Coney Island pour les touristes. C’était un saut en parachute attaché à un câble sur le dessus, avec des câbles guides courant le long des côtés du parachute jusqu’au sol pour que le saut se passe lentement et directement vers le sol afin que nul ne puisse être blessé. J'ai lu que les dispositifs de sécurité étaient même en cours d'utilisation sur une tour à l'École de parachutisme, mais je n'ai aucun souvenir d'avoir jamais vu un tel dispositif à l'École où j’étais. Mon souvenir est qu'il n'y avait qu'une seule tour, avec quatre bras à partir de laquelle les parachutes avec des hommes suspendus pouvaient être lâché en chute libre, sans dispositifs de sécurité. »
« Le jour où je devais faire mon premier saut de la tour, il y avait beaucoup d'activité en cours à la base. Tout était en cours de nettoyage ou peints, tout indiquait que quelque chose d'important se préparait. Comme d'habitude, les troupes de la base n’étaient pas informées de quoi il s'agissait. »
« Comme le temps approchait pour mon ascension sur le bras de la tour, le vent augmenta à environ 50 KM/H, ce qui aurait normalement entraîné l'annulation du saut parce qu’étant trop dangereux. Pas ce jour-là, cependant. J'ai été redressé à la fin du bras de la tour, et puis plus rien arrivé. Normalement, on était libéré après quelques secondes quand on atteignait le bras de la tour, mais il ne se passa rien, je tanguais aux grés du vent, me demandent ce qui se passait et quand j’allais être libéré. J'ai été quelque peu préoccupé de ce que la force du vent ferait en soufflant sur la tour et si cela pouvait entraîner son effondrement, mais alors, on m'avait appris comment manœuvrer le parachute en tirant sur les élévateurs, les deux bandes de tissu tissé qui s'étendait de la goulotte Pack au filins tenant le parachute lui-même. »
« Alors que tout cela traversait mon esprit, une voiture décapotable est apparue en bas, se dirigeant vers la zone de la tour avec de nombreuses motos qui la précédait et plusieurs voitures derrière elle. Comme la voiture était très proche de la zone de la tour, je ne pouvais en croire mes yeux - il y avait Franklin D. Roosevelt, le président des États-Unis et le commandant en chef de l'armée, juste en dessous de moi. Et à ce moment, il y eu un rebond et je balançais en dessous la goulotte dans le vent fort, tirant les élévateurs pour me repousser la tour. J'ai atterri sur la sciure de bois debout, et j’ai réussi à réduire le parachute avant que le vent ne le fasse décollé me traînant derrière lui, et quand j'ai regardé autour de moi pour voir le président, lui et son entourage étaient parti, mais ce fut une expérience exaltante, d'avoir fait mon premier saut rien moins que pour le président! Mon père avait conduit le président et Mme Roosevelt pour un tour des champs de bataille en France, puis, des années plus tard, il avait été re-présenté au Président au Fort Jackson, et maintenant j'avais sauté en parachute de la grosse tour pour le président.
Mais revenons au Fort Jackson, en 1942:
« Dick » Manning fut transféré d’une compagnie de fusilier à une compagnie de service peu après Pearl Harbor. Après être resté dans le peloton de fusiliers pendant environ trois mois, mon père fut transféré en dehors du régiment, étant remplacé par un colonel de l'armée régulière, un diplômé de l'Académie militaire de West Point. Le même sort frappa tous les autres commandants de régiment, ainsi que l'ensemble du staff du 30th Infantry Division. Tous ont été remplacés par des diplômés de l'armée régulière de West Point, indépendamment de leurs qualifications comparative, telle que je devais apprendre beaucoup plus tard, qui faisait partie d'un régime de mettre les officiers de l'armée régulière West Point, dans l'ensemble des postes de commandement de la Garde nationale, afin qu'ils puissent acquérir l'expérience nécessaires au commandement pour faire avancer leur carrière. Il n'importait pas d'un iota aux pouvoirs de l'armée régulière que de nombreux commandants de la Garde nationale étaient beaucoup plus qualifiés à bien des égards que ceux qui les ont remplacés. Mon père avait servi durant la campagne à la frontière Mexicaine et durant les dures combats de la Première Guerre mondiale en tant que commandant de bataillon, et il était certainement plus qualifié pour diriger le 120th Infantry dans la bataille que fut son remplaçant qui n’avait encore jamais connus aucun combat. De plus, c'était mon père qui avait aidé à la reconstruction du 30th Division après la Première Guerre mondiale, et forma ses hommes, les formants bien, pour les nombreuses années jusqu'à ce que le gouvernement fédéral ai besoin de leurs services. C'est effectivement un piètre remboursement pour ces longues années comme officier loyal qui donnèrent une grande partie de leurs vies à la garde nationale, parce qu'ils savaient qu’il avait une grande valeur quant à la défense de la patrie. Cette inexcusable façon d’agir fut condamnée dans un livre, intitulé « The Rape of the 30th Division » ou « Le viol de la 30th Division ». Par le Major Général Henry D. Russell, commandant du 30th Division (frère du Sénateur Richard B. Russell, de Géorgie), qui fut relevé et remplacé par le Général William Simpson de l’armée régulière, en même temps que mon père a été remplacé. »
« Plus tard, en 1944, lorsque mon père était alors officier supérieur au sein de l’Army Reclassification Board en Italie, il a été chargé de trouver un lieu pour les officiers qui avaient été relevés de leur commandement pour avoir omis de remplir leur mission comme exigé, le colonel qui avait remplacé mon père fut envoyé au Conseil, il n'avait pas décroché la timbale! »
Après le départ de son père, Dick fut promu au grade de caporal. Son chef de peloton avoua que la promotion devait venu plus tôt, mais que son père ne l'avait pas voulu, parce qu’il voulait qu’il passe plus de temps comme simple soldat dans l'unité de fantassin avant d'être promus.
« Autour de mai ou juin 1942, même si je n'avais que 17 ans, et pas encore assez vieux pour entrer légalement à l'armée, j'ai décidé que j'allais essayer d'obtenir mon admission à l'école des aspirants officier d'infanterie, appelé OCS au Fort Benning, en Géorgie. Je voulais arranger les choses parce que si j’avais été accepté pour faire partie de l’OCS, je ne serais pas diplômé avant d’avoir atteint 18 ans. Si je voulais devenir un officier, j'ai pensé que je devais au moins être assez vieux pour être légalement dans l'armée. »
« J'ai eu à passer un certain nombre de tests, la dernière étant une épreuve orale devant un certain nombre d’officiers supérieurs que je n’avais jamais vu avant, et je dois avoir réussi les tests, car en Juillet 1942, j'ai été informé par mon commandant de compagnie que je quitterais Fort Jackson pour le Fort Benning et l'OCS d'infanterie au début du mois d'août. Ce fut ma dernière connexion avec l’Old Hickory! »
Richard Manning entra donc chez les parachutistes où il rejoignit après être devenus officier la Compagnie E du 2ème Bataillon du 513th Parachute Regiment, 17th Airborne Division et finalement, en 1944, il fut promus au grade de 1st Lieutenant.
Cette photo fut prise à la fin d'un film que Dick tourna pour le besoin d'un documentaire sur l'entraînement. Après un saut en parachute, les hommes installèrent une mitrailleuse.
De gauche à droite: Lt Fagan commandant du 2ème Peloton de la Compagnie E (KIA le 5 ou 6 janvier 45) - Lt Manning (WIA le 5 janvier 45) et le Pvt. Russell Herriford (WIA en janvier 45)
De fin 1943 à Mai 1944, Dick Manning commanda le 1er peloton. Mais il fut rétrogradé comme assistant du leader du peloton de la section de mortier de 81mm par le Lt.Col. Miller pour incompatibilité d’humeur.
Le 20 août 1944, après une période de manœuvre dans le Tennessee, la 17th Airborne quitte les Etats-Unis pour l’Angleterre. Elle stationna au Camp Chisledon.
Le 16 décembre 1944, les Allemands lancèrent leur contre offensive dans les Ardennes. La 17th Airborne fut envoyé au front entre le 23 et le 25 décembre 1944.
Le 3 janvier 1945 la 17th Airborne est envoyé en première ligne. Le lendemain, le 513th PIR aura son baptême du feu.
Son Bataillon se positionne à Mande St Etienne au sud-est de Flamierge. L’attaque est lancée, la Compagnie E attaque en direction du sommet de la colline, soutenue par des tirs de l’artillerie. Les Paras avancent dans un paysage dégagé couvert de neige. Un quart d’heure après l’assaut, le 1st Lt. John W Deam prend contact avec « Ace » Miller pour lui signifier qu’il tient la colline. Ses hommes ont enfin atteint les foxholes ennemis qui constituent la ligne de départ. Cependant, le bois, sur le flanc gauche, est âprement défendu par les Allemands, malgré le barrage d’artillerie, et lorsque la Compagnie F s’approche à moins de 100 mètres de la forêt, l’avance s’enlise. Les batteries d’artillerie continuent à sauver les paras du massacre total.
Le chef de peloton, le 1st Lt. Ivan Stoshitch, est touché tandis que son adjoint, le 2nd Lt. Charles Puckett emmène les hommes dans le bois. A ce moment précis, ils sont pris par des tirs sur leurs arrières et ne peuvent plus bouger. L’artillerie bombarde le flanc droit, là où 5 ou 6 hommes sont en mesure d’y pénétrer. Mais le 1st Lt Samuel Calhoun est touché, et les quelques hommes restant sont cloués au sol. Le peloton situé au centre n’atteindra jamais la forêt.
Miller observe la scène de son QG, situé à seulement 150 mètres des combats. Il observe la situation désespérée.
Il appelle aussitôt le 1st Lieutenant Dick Manning, dont le peloton est maintenu en retrait.
Le peloton de Richard Manning qui stationne au sud-est de Mande Saint Etienne, n’est pas sous le feu ennemi.
« Il m’ordonne de venir au poste d’observation du QG au nord de Mande. Je me précipite sur zone, à environ 800 mètres et constate ce qui est arrivé à la Compagnie F, devant le bois, et aux Compagnie D et E sur la droite, toutes soumises à un feu intense en provenance des bois. Il y a des hommes couchés dans la neige sur toute la longueur du champ … Ils sont morts ou mourants. Le Colonel Miller me demande d’envoyer une patrouille dans le bois, mais je « pète un câble. » Je lui réponds que je ferai les choses à ma manière, et je sors. Je n’aie pas encore vu, ni parlé, au Lieutenant Deam ce matin-là. Je reviens vers le poste de commandement pour dire au Lieutenant Deam ce que je compte faire, et j’envoie mon messager chercher mon assistant de peloton, ainsi que deux sergents, afin que je puisse exposer mon plan à tous en même temps. Nous nous rencontrons derrière le poste de commandement qui est une grosse bâtisse en pierre, sur le côté est de la route, juste avant l’embranchement vers Champs. Je commence à peine à leur parler, qu’un tir d’arme automatique de snipers les fauche tous les trois. Ils sont si près de moi que je pouvais les toucher. Le Lieutenant Deam est tué sur le coup, et les deux autres sérieusement blessés. Je ne suis pas blessé, bien que les balles me soient passées au ras de la tête avant de les atteindre. Je rassemble ensuite les hommes de mon peloton et nous devons ramper dans la neige, baïonnette au canon, à travers champs, sur la partie ouest de l’embranchement, avant de bondir sur nos pieds et de charger vers les bois, que nous nettoyons en 30 ou 50 minutes. Nous avons seulement deux blessés durant cette attaque menée par 28 hommes. »
Pour ce fait d’arme, le 1st Lt. Richard Manning sera décoré de la Distinguished Service Cross. Richard ne recevra sa décoration que deux années après la guerre.
« Le Colonel Miller écrivit la citation le 4 janvier. J’ai l’originale écrit au crayon ; le Général Miley le sauva pour moi et me le donna lors d’une réunion de la 17th Airborne à Cherry Hill dans le New-Jersey au début des années 80. »
Le lendemain, 5 janvier 1945, lors d’un bombardement massif Allemand, Richard Manning est gravement blessé à la jambe.
« Quand j’ai atterrit dans la profonde couche de neige, j’avais on pied gauche derrière mon épaule. J’ai été inconscient durant un certain temps, puis quelques gars me redressèrent ma jambe et me tirèrent dans une tranchée (après en avoir extrait les occupants tués). Bien plus tard, j’ai été installé sur un brancard transporté jusqu’à une route, une centaine de mètre plus loin et placé sur le rack au dessus d’une jeep. Alors que nous commencions à redescendre la colline, un barrage d’artillerie commença à tomber presque sur nous, le chauffeur et son assistant sautèrent dans un fossé tout proche – je ne peut pas les blâmer – et quand le bombardement fut fini, ils remontèrent à bord et nous reprîmes la route. Un autre barrage d’artillerie fut déclanché et la même chose c’est répété.
Nous avons finalement atteint le poste de secours, un atèle fut apposé sur ma jambe et la blessure à l'épaule a été bandée et après un certain temps j'ai été mis dans une ambulance avec trois autres gars. Après un arrêt devant plusieurs hôpitaux qui nous refoulèrent parce qu'ils n'avaient pas de place, nous sommes finalement arrivés à un qui nous accepta. Je suis le seul encore en vie. »
La brillante carrière qu’il s’était promis de faire est stoppée net.
« J’ai passé trois années dans les hôpitaux. Ma jambe fut sauvée, mais encore des années après, j’avais d’horribles douleurs. »
Après ces trois années dans différents hôpitaux, Dick Manning retourne chez lui, à Raleigh en Caroline du Nord. Il est entré à l’Université de Caroline du Nord.
« J’ai fait partie de l’armée durant 15 années et je n’ai jamais dépassé la 10ème année à l’école supérieur. »
Durant toutes ces années, Dick souffre de sa jambe.
« J’étais partiellement paralysé de ma mauvaise jambe, à gauche et de mon genoux, ce qui a empiré avec le temps. »
« Ma jambe avait été presque emportée par un éclat d’arbre d’un obus de 88mm. Le docteur en Angleterre me dit qu'il allait "essayer de la sauver" et il a fait. Malheureusement, elle a dû être re-fracturé et remise quelques semaines plus tard. Puis au bout de 10 mois, le Docteur me dit qu'elle était guérie, mais malheureusement, le genou gauche était très raide. »
Richard Manning entra au collège en même temps que de la rééducation. Lors de ses exercices de rééducation, on lui conseille de faire du vélo pour étendre son genou. Malheureusement, il se le re-fractura. Son genou ne se remettra jamais réellement en place. Jusqu’en 2009.
« Les capillaires dans mes pieds avaient été gravement endommagées; l'an dernier ils ont commencé à montrer des signes de gangrène, après plusieurs autres procédures qui ont échoué, la jambe a dû être amputé. »
Dick Manning obtint son diplôme d’avocat et eu beaucoup de succès comme avocat New-Yorkais, spécialisé dans les questions pétrolières internationales.
Il fit partie de plusieurs sociétés y compris de forage pétrolier et de gaz dans l’Ohio, pour une chaîne de station service à Montréal et pour une société de négoce qui avait des bureaux à Londres à Rotterdam, Hambourg et Buenos Aires.
« J'ai aussi traité de question juridique au Canada, aux Bahamas, en Angleterre, France, Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, Nigeria, Bahreïn, Dubaï et Abou Dhabi, aux Philippines, à Hong Kong et au Japon. Maintenant, je vis sur le sommet d'une montagne au nord-est de la Pennsylvanie. »
Dick c’est marié 3 fois une première fois en 1949 après avoir été démobilisé. Il eu deux filles. Ensuite, en 1956, il se remaria alors qu’il travaillait comme avocat pour une société de raffinage de pétrole à Puerto Rico. Il eu également 3 filles. Enfin, il rencontra son épouse actuel :
« En 1973, j’ai rencontré mon actuel épouse, Melanie (l’amour de ma vie) ; elle travailla dans mon bureau d’avocat de NY ; peu de temps après, nous nous sommes m’y en ménage. Nous nous sommes mariés en 1979 et nous sommes toujours ensemble. »
Aujourd’hui, Dick vie dans une grande et ancienne maison en haut d’une montagne de Pennsylvanie, environs 1900 mètres avec son épouse et 3 chiens Boxers.
Dick voit encore ses trois dernières filles. Il a aussi 4 petites filles et 3 petit fils.
Aujourd’hui, Richard Manning passe son temps entouré de l’amour de son épouse à écrire l’histoire de son combat à Mande le 4 janvier 1945 mais aussi il continue à répondre à certaine question d’ordre juridique.
"Dick" Manning avec son épouse Mélanie.
Leur belle maison en Pennsylvanie.