Alexander P Suer naquit à Philadelphie en 1917.
Après ses études secondaires à l’ « Overbrook High School » de Philadelphie, il rejoignit l’école dentaire de la « Temple University », où il obtint son doctorat (DDS) en 1938.
Il ouvrit ensuite son propre cabinet dentaire à Philadelphie.
Faisant partie de la communauté juive américaine et face à la menace que représentait Hitler, Alexander rejoignit l’Army Reserve Corps en 1939 et en avril 1941 il entrait dans le service dentaire de l’armée américaine.
Il suivit la formation de 12 semaines à la « Medical Field Service School » de Carlisle en Pennsylvanie.
Alexander « Pete». Suer reçut donc une formation physique identique à celle de tous les militaires, et se familiarisa aux modes d’exercice de la profession de dentiste militaire : au sein d’un hôpital de campagne, mais aussi de « Medic » dans une unité combattante en première ligne, fonction qui consiste à pratiquer tous les soins d’urgence vitale, la collecte des blessés et leur évacuation en dehors des zones de combat. Et ceci, conformément à la Convention de Genève c’est-à-dire sans porter aucune arme.
Après le raid sur Pearl Harbor, Alexander fut volontaire pour les unités de parachutistes. Le 6 juillet 1942, Il reçut son brevet de parachutiste et rejoignit le 505th PIR.
Alexander Suer participa à l’opération Husky. Il atterrit sans encombre. Après avoir échappé aux patrouilles italiennes, il trouva le Colonel Gavin près de la crête de Biazza et se mit à rassembler les blessés et à les conduire à une infirmerie de campagne dirigée par le Cpt. Daniel McIlvoy, chirurgien du 3° bataillon.
Alexander Suer emprunta une ambulance à la 45° division d’infanterie et fit de nombreux voyages vers la côte pour confier les blessés aux médecins de la Navy. Il se retrouva au centre d’une fusillade entre les Allemands et ses propres camarades, et aperçut plusieurs blessés des deux camps. Sans prêter attention au violent combat, il n’hésita pas et, brandissant un drapeau de la Croix-Rouge, se rendit auprès d’eux afin de les évacuer tous vers une zone non exposée, sans être lui-même atteint par les balles amies ou ennemies.
Alexander Suer participa aussi à l’opération Avalanche.
Le D-Day, 6 juin 44, Alexander Suer sauta près de Ste Mère Eglise. Quand les combats diminuèrent d’intensité, organisa avec le Dr. Robert Franco un poste de secours dans l’hospice du village, une grosse bâtisse située à la sortie Nord le long de la route vers Montebourg.
« Pete » Suer demeura dans l’hospice et se dépensa sans compter pour prodiguer les soins de première urgence aux blessés, quelle que soit leur nationalité, et pour les récupérer sur le champ de bataille afin de les évacuer vers le poste de soins. Pour avoir soigné ses malades, en dépit des tirs allemands, pendant 56 heures sans se reposer, Alexander P. Suer se vit décerner la Silver Star Medal.
Ensuite, c’est l’opération Market Garden. Alexander Suer continua à récupérer les victimes des combats violents au volant de sa Jeep.
Mais c’est pendant la bataille des Ardennes que le destin d’Alexander Suer va se sceller. Le 23 décembre, « Pete » Suer appris que deux blessés attendaient des soins urgents à proximité des lignes allemandes. Accompagné de trois infirmiers, il se rendit sur place et seul, rampa à découvert vers les soldats. C’est à cet instant que des tirs de mortier le touchèrent aux jambes, lui broyant les deux pieds. Il exigea que les deux soldats blessés soient évacués avant lui. Ensuite, il fut à son tour évacué. La gravité de ses blessures était telle qu’Alexander P. Suer fut transféré à l’hôpital de Liège puis vers Paris et de là en avion vers le grand hôpital militaire Walter Reed près de Washington.
Le 1er février 1945, « Pete » Suer écrivait au Dr. McIlvoy et à ses collègues du 505th PIR une lettre pour les informer que « ... comme vous l’avez peut-être entendu maintenant, j’ai eu les deux jambes amputées – la gauche juste sous le genou et la droite à la cheville... La raison de cette amputation bilatérale est la gangrène. Tous les vaisseaux sanguins de mes mollets ont été détruits... Je ne suis pas du tout content d’être de retour aux States et pas seulement à cause de mes jambes. Je suis tellement triste d’avoir manqué la fin de tout cela après y avoir tant été impliqué... »
Une note au bas de la lettre indiquait :
« Cher Major,
Cette lettre m’a été envoyée par le Walter Reed Hospital. Al est décédé à 21 Heures, d’une certaine manière, d’une embolie pulmonaire. Nous sommes effondrés, mais je suppose que c’est le prix de la guerre. J’espère au moins que les combats que vous livrez et dont Al a été la victime ne seront pas vains.
Au moins son fils et tous vos enfants n’auront pas à affronter toute cette "horreur"..."
Benjamin SUER (son père) »
Agé de 28 ans, il laissait une veuve et un fils de 2 ans.