Herbert "Herb" Suerth Jr.

A LA MEMOIRE

 

C'est avec beaucoup de tristesse que je dois vous faire part de la disparition de mon ami Herb Suerth. Il est décédé paisiblement, le 14 octobre 2017. N'oublions jamais ce que ce monsieur a fait pour nous. Repose en paix Herb.

Un très grand merci à Herb Suerth de m'avoir accordé quelques heures et de m'avoir conseillé des site internet pour compléter mes notes.

 

   <= Herbert Suerth - 1945

Herb Suerth - 2011 =>

Herbert J Suerth Jr est né le 28 octobre 1924 à Chicago dans l’Illinois. Herb est le fils unique d’Herbert Suerth Senior et Lillian Suerth. Son papa était vétéran de la Première Guerre Mondial. Il fabriquait des ascenseurs.

En juin 1942, Herb Suerth est diplômé de la De Paul Academy, il avait 17 ans. Ensuite, il commença des études à la Marquette University pour devenir ingénieur mécanicien. Mais la guerre le rattrapa, à 18 ans, Herb Suerth atteignit l’âge d’être engagé. Il quitta l’école et décida de s’enrôler.

 « Si vous vous enrôliez, vous aviez le choix de l’arme dans laquelle vous alliez servir. »

Le 8 décembre 1942, il rejoignit l’armée Américaine et l’Engineers Corps. Il fut envoyé au Fort Belvoir en Virginie pour y suivre l’entraînement de base en tant que Combat Engineer.

«Je n'aimais pas ça du tout, mais bien sûr vous ne pouviez pas sortir de là en disant simplement que vous n'aimiez pas ça. »

Ce que Herb Suerth détestât le plus durant son entraînement était de devoir désarmer des  mines terrestres.

«Je ne sais pas comment les gars pouvaient faire ce genre de travail. »

Heureusement, Herb Suerth obtint une pause, bien que temporaire, lorsque l'armée l'inséra dans le programme ASTP et l'envoya à l'University of Pennsylvania. Ce répit fut de courte duré lorsque le programme ASTP fut abandonné.

Herb Suerth retourna d’abord à l'entraînement de base, et ensuite il passa plusieurs mois à New York City, pour y suivre une formation d’electrical engineering.

 «Nous vivions dans le bas de Bowery. Je pense que c'était l'Hôtel Central Broadway, et il était dirigé par une dame. Les deux premiers étages étaient occupés par des filles qui travaillent, mais la sécurité était si serrée que je ne les ai même jamais vus. »

Le grand mouvement suivant fut le départ pour l’étranger à bord du Queen Mary et il débarqua au mois de juillet 1944, juste  après le jour J, en Ecosse.

« Nous avons prit le train et nous avons traversé toute l’Ecosse et toute l’Angleterre, et c’était tout simplement superbe. Nous avons eu de longues journées d'été. »

Herb Suerth fini dans un camp regroupant des remplaçants, avec environ 1.000 autres hommes du génie, dont certains étaient tout sauf impatients de partir aux combats.

«Beaucoup de gars étaient plus âgés, avec une famille. Ils avaient été électriciens avant la guerre. Ils restaient assis à discuter comment ils pourraient éviter d'aller au front en se tirant une balle dans l'orteil ou en s'enfonçant des barres de savon Fels Naphta sous les aisselles. »

Herb Suerth, quand à lui, était prêt à y aller. Quand il vit, lui et son copain Chase une affiche parlant de demande de volontaire pour les divisions aéroportées, ils ont immédiatement été voir leur commandant de compagnie.

« Il nous dit que nous ne pouvions pas faire ça. Il nous a dit que nous étions dans les forces de service et que nous ne pouvions pas être volontaires pour les forces aéroportées. Il nous dit que nous ne pouvions pas échanger nos places, et donc ont étaient là, le bec dans l’eau. »

Le lundi matin suivant, cependant, tous les membres remplaçant pour le génie furent rassemblés pour une annonce. Le Colonel leur dit qu’ils étaient tous remplaçant pour l’infanterie. Il s'est avéré que l'armée avait un besoin accru d’hommes sachant se servir d’un fusil plutôt que de règles de calcul. Pour Herb et son ami ce fut le billet pour être attribuer à l’Airborne. Chase fini dans le 82nd et Herb à la 101st.

« Je suis allé à l'école des parachutistes de Chilton Foliat. Nous avons reçu nos bottes de saut mais nous ne pouvions pas faire blouser nos bas de pantalons. Vous ne pouviez jamais faire ça avant d’obtenir vos ailes. »

L'officier commandant à Chilton Foliat était le capitaine Sobel, qui fut rendus célèbre dans le livre « Band of Brother » et dans la série télévisée comme un emmerdeur détesté de ses hommes.

« Mais je n'ai vu ce gars qu’une fois, et il ne m’a fait aucune impression. »

Les sergents qui dirigeaient l'école de saut, cependant, firent impression sur Herb Suerth.

« Je pense qu'ils prenaient les sergents qui ne pouvaient pas être traduit en cour martiale. Pour faire ce travail, je pense qu'ils ont dû avoir quelque chose dans leurs états de service qui les répertoriait comme « diaboliques ». Ils firent tout leur possible pour vous faire tout arrêter. »

Herb se souvient d'un Major qui avait fait un mauvais mouvement lors de son saut de la tour de 15 pieds et qui s'est retrouvé avec de la sciure plein la bouche. Il crachait de la sciure, un acte que le sergent en charge n'a pas apprécié.

« Il a fait courir l'officier autour du terrain avec ses bras tendus gueulant:« Je suis mauvais Major, je crache dans la sciure. »

Certains jours de formation, les volontaires étaient contraints de faire plus de 500 pompes en une période de huit heures.

«Parfois, quand vous faisiez vos pompes, les sergents s’allongeaient à côté de vous et faisaient des pompes sur un bras pendant que vous les faisiez avec les deux. Ils se plaçaient à quelques centimètres de votre visage hurlant: «Vous voulez arrêter? Vous voulez arrêter? Abandonnez maintenant et vous pouvez être loin d'ici à l'heure du déjeuner. » Et certains gars l’ont fait. »

Herb Suerth tint le coup et passa son premier saut de pratique.

«C'était la première fois, je n'avais jamais été dans un avion. »

Le reste de la 101ème, qui était stationné à proximité, parti pour la Hollande en août 1944, dans le cadre de l'Opération Market Garden, avant qu’Herb Suerth ne fasse son troisième saut. Enfin, il fit son cinquième saut et obtint ses ailes, et il en fit encore deux autres justes pour l'expérience.

Aux environs de Thanksgiving, Herb fut envoyé en France pour rejoindre l’Easy Company du 506th Parachute Infantry Regiment de la 101st Airborne. La division léchait ses plaies et était au repos au Camp de Mourmelon près de Reims après les durs combats en Hollande.

Les remplacent n'étaient généralement pas bien traités par les vétérans, ces gars-là avaient vécu dans la mort et la destruction et la perte de quelques copains durant les 102 derniers jours. Ces hommes ce sont entraînés ensemble depuis le début 1942, et ils n'étaient pas vraiment prêt à commencer à prendre d'autres personnes dans leur groupe mais Herb Suerth dit qu'il n’eu aucun problèmes.

«Je ne me souviens pas de tout ces trucs négatifs. Je pense que j'ai été assez intelligent pour garder un profil bas. »

Herb Suerth se signala au rapport à son chef de peloton, le Lieutenant Ed Shames, et il s'annonça avec son nom complet, y compris le "junior" à la fin. Shames la immédiatement étiqueté comme Herb Suerth «Junior» et le surnom lui est resté durant tout son bref séjour à la Easy Company et durant toute les réunions.

«  Tout le monde avait des surnoms comme OneLung McClung, NoShoulders Mellet, Popeye Wynn. Les surnoms étaient importants quand nous rampions dans l'obscurité et qu’on lui demandait: «Qui est-ce ». Nous utilisions nos surnoms nous étions donc assurer que ce n’était pas un Allemand. »

Herb Suerth déclara que la 101st avait besoin de récupérer après la Hollande.

«Ils m'ont dit qu'il pleuvait, bruinait ou neigeait la plupart du temps. Et puis qu’à la fin, c’est devenus une guerre de tranchées, et que des unités aéroportées ne sont pas équipés pour la guerre des tranchées. Ils avaient été envoyés avec des uniformes d'été et c'est tout ce qu'ils avaient. »

Herb Suerth se rappelle qu'un jour, à Mourmelon, peu après que le 506th PIR soit revenue de Hollande, une inspection générale fut appelée. Les hommes n'étaient pas heureux, et l'un des plus malheureux était McClung, connu par ses camarades comme un des meilleurs soldats et peut-être le meilleur tireur de la Easy Company. Mais McClung n'était pas le genre de gars à être toujours nickel.

« Un par un, les gars venaient lui dire: « Hey Mac, donne-moi tes bottes. » Et un autre gars disait « Hey Mac, donne-moi ta blouse ». Et un autre gars prenait ses Olive drabs. A la fin, il y eut une inspection des placards. Ce n'est pas que ils voulaient lui rendre service, mais s’il se faisait punir c’était toute la compagnie qui serait punie avec lui. »

Easy Company se reposa les premières semaines de Décembre. Suerth reçu même une permission pour Reims la veille de Noël afin qu'il puisse aller à la cathédrale, il y avait un service religieux. Il n'y est jamais arrivé.

«Je me souviens du dimanche 17 décembre, le Sergent Buck Taylor est arrivé et nous dit : « On y vas ! ». Il y eu un silence complet dans la pièce. »

La plupart des hommes n'étaient tout simplement pas prêt à retourner au combat. Il n'y avait aucun dépôt de munitions à Mourmelon, et les seuls munitions que les hommes avaient étaient celles qu'ils avaient ramenées de Hollande.

«Beaucoup de gars n'avait pas de vêtements d'hiver, pas de fusils, pas de mitrailleuses. J’étais chanceux. J'avais mes bottes de saut, mon pardessus, mes galoches et tout mon équipement. J'avais fait une formation dans les Blue Ridge Mountains un an avant et j'avais donc une petite idée de comment vivre à l'extérieur. J'ai apporté toutes sortes de chaussettes. J'avais même une aiguille et du fil parce que je savais que par temps froid les gants se collaient au fusil et se déchiraient. C’était juste de petites choses comme ça. »

Herb Suerth, et quelques autres, ont passé la nuit à se confectionner des couvertures supplémentaires avec leur sac de couchage pour augmenter leur chaleur.

« Je savais que les sacs de couchage de l’armée n’étaient pas bon pour dormir avec des températures dépassant les 10 à 15° en dessous de zéro. Alors j'ai commencé à coudre dessus des couvertures supplémentaires et les gars m'ont dit: « Junior, qu’est ce que tu fais. » Je leur ai expliqué pourquoi je faisais ça et leur ai dit ce que je savais sur la météo en France et la plupart d'entre eux ont commencé entouré des couvertures autour leurs sacs de couchage. Ce moment a été un moment de fierté pour moi. J'ai acquis beaucoup de respect de la part des gars et ils ont commencé à me connaître comme un gars qui pensait d’avance. »

Il reçut même un nouveau fusil, mais il ne tira jamais avec. Les hommes ont été chargés dans des gros camions à céréales.

 «Il y avait un peloton dans chaque camion. Il n'y avait pas de sièges, mais cela n’avait pas d'importance parce que nous étions tellement que nous ne pouvions pas nous asseoir de toute façon. Nous étions comme un tas de sardines dans une boîte. Le sommet des parois du camion arrivait juste jusqu'à nos casques, donc on pouvait se tenir sur les pointes des pieds et regarder dehors. »

La compagnie passa 18 heures dans les camions, en route pour une destination inconnue.

«Le temps était terrible, mais nous nous sommes arrêtés assez souvent pour faire un peu d'exercice. Dans le camion, nous avons pu rester au chaud car il y avait beaucoup de chaleur corporelle. On pouvait entendre les avions toute la nuit et nous savions que ce n’était pas les nôtres. »

Dans la matinée du 18, les camions se sont arrêtés juste avant Bastogne, une petite ville en Belgique où la plupart des chaussées de la région se réunissaient. Les hommes pouvaient entendre des tirs d'armes légères pas loin.

La première chose que les troupes aéroportées rencontrèrent, cependant, ne furent pas des Allemands mais des Américains. Tandis que le 506th avançaient en formation de chaque côté de la route, des troupes qui avaient subit le choc de l'attaque allemande se repliaient au milieu.

«J'ai vu une armée américaine en retraite. Cela m'a rappelé les images de Washington à Valley Forge. Ils y avaient des bandages autour de leurs têtes, pas de manteaux, pas d'armes. Ils fuyaient, mais personne n'a même pensé à les arrêter. Ils auraient probablement été inutile de toute façon. »

Herb reçut deux bandoulières de munitions de fusil et des grenades attachées à son uniforme, mais il avait toujours son arme neuve. Le lendemain, son sergent installa une bobine de fil électrique pour faire office de cible et laissa à Herb régler la mire de son M-1.

Le peloton traversa Bastogne et se dirigea sur la route vers Foy. Les Allemands arrivaient dans la direction opposée sur cette même route.

La première nuit se passa dans une ferme du pays, les hommes enfouis dans une botte de foin avec juste la tête qui sortait pour rester au chaud.

 «A 3h du matin, un obus est tombé sur le haut de la botte de foin. Tout le monde est sorti de la botte de foin et soudain l'un des gars est passé en courant. C’était Skinny Sisk. Skinny courait autour de nous, il fit un tour, un second et au troisième quelqu'un lui a demandé «Mon dieu Skinny que fais-tu ? » « Je vais de l’autre côté de la botte de foin ». Il est apparu qu'il était somnambule. La plupart des gars n’avaient pas physiquement et mentalement récupéré. »

Le jour suivant la E-Company se dirigea vers Foy.

«La compagnie n'était pas à pleine capacité, au lieu de 130 hommes, nous étions environ 105 donc nous avons dû étendre nos lignes. Nous avons creusé notre propre trou. J'ai creusé avec Frank Soboleski. Je creusais le trou, tandis que Frank abattait des arbres pour mettre sur le dessus. Je pense qu'il était le seul dans le peloton qui avait une hachette avec lui. »
Herb
Suerth et Frank Sobeleski étaient à l’extrémité de la position de la compagnie, près de la position de la mitrailleuse.

 «Nous étions le dernier trou à gauche. Il n'y avait rien entre nous et Bastogne. Mais alors il n'y avait rien entre n’importe quels foxholes et Bastogne. Il n'y avait pas de réserves. »

La neige faisait une couche de 60cm. Ils ont finalement trouvé un tas de sacs de toile qui furent utilisées conjointement avec des aiguilles de pin pour garder leurs pieds au sec et au chaud.

« Je mettais mes chaussettes humides dans mon casque et ma veste de combat ainsi la chaleur du corps pouvait les sécher. En faisant cela, je pouvais changer mes chaussettes 4 fois par jour et ce qui gardait mes pieds aux secs. »

Le bombardement allemand était assez constant.

 «Vous alliez dormir pour deux heures, et il y avait un tas de nouveaux arbres abattus autour de vous. Ils nous envoyaient des screaming meemies, c’étaient des roquettes. Cela ne faisait pas beaucoup de dégâts, mais c’était une guerre psychologique. »
Une attaque est survenue la veille de Noël.

 « Ils sont arrivés en tenues de camouflage blanches, et on pouvait voir le blanc sur les arbres sombres. C’était une mauvaise idée. Ce n'était pas une attaque majeure, mais ça a attiré notre attention. »
La plupart des combats se déroulaient de l'autre côté de l'endroit où avait creusé Herb. Quand ce fut fini, il arpenta la scène de bataille.

«Il y avait du sang partout sur la neige. Ils laissèrent 28 d'entre eux morts. Nous avons eu une victime. Walter Gordon qui reçu une balle dans le cou. Lorsque nous avons examiné les corps, c’étaient tous des enfants de 16-17 ans. Bien sûr, nous n'en avions que 20 nous-mêmes. »
Les Allemands pilonnaient à l’artillerie lourde Bastogne.

 « Compton et Carwood Lipton emmenèrent Gordon à l'hôpital. Quand ils sont revenus ils ont dit que c’était plus sûr ici qu’à l'hôpital. »
A un moment, un char allemand descendit la route vers la Easy Company.

 «Il n'y avait pas grand-chose que nous puissions faire, nous n'avions même pas un bazooka. Mais un obus de .75 Américain toucha le char à mort. L’obus rebondis simplement. »

Cela provoqua la retraite du blindé.

Après la rencontre avec l'ennemi de blanc vêtu, le lieutenant Shames envoya Herb pour enterrer l'un des morts allemands qui était couché dans le no man’s land.

 «Je ne lui ai jamais demandé pourquoi il m'a envoyé faire ça. »
Herb
lutta avec le sol gelé durant deux heures, et fut finalement remplacé par un autre GI, qui a terminé la tombe.

« J'étais un peu réticent à ce sujet, et je n'ai jamais fait les poches ou quoi que ce soit comme la plupart des gars faisait. Mais j’ai regardé où il avait sa nourriture. Il avait quelque tranche de rôti de porc, et du pain noir avec de la gelée. C’était probablement son dîner de Noël. Je l'ai ramenée à mon gourbi et je l’ai mangé. Ce fut le premier repas que j'eu, sauf les rations K depuis plus d'une semaine. »
Durant la deuxième semaine de Janvier, la Easy Company quitta ses foxholes et avança vers l'est où une position allemande avait été abandonnée

« Nous avons passé la nuit dans un trou allemand. Nous n'avions pas de sacs de couchage avec nous, et c'était la nuit la plus froide de toute la bataille. La raison pour laquelle nous n'avions pas les sacs de couchage était parce que le camion qui devait amener notre matériel a roula sur 3 mines antichar et explosa complètement. L'explosion était si fort que le casque d’un des conducteurs c’est retrouvé en haut d’un arbre avec sa tête toujours à l’intérieur. Nous étions juste empilés à quatre dans un trou, deux sur le dessus et deux dans le fond. Après quelques heures nous changions de place, et les gars sur le fond allaient au-dessus et étaient les couvertures. »
Après cette incursion d'un soir, les hommes sont retournés à leurs anciennes positions.

«Il y avait des bombardements incessants. Ils savaient exactement où nous étions. »

«Les circonstances ont empiré, le niveau des munitions était bas, la nourriture était bas, le matériel en tout genre était bas et l'essence bien sûr, cela ne faisait pas beaucoup de différence car il n'y avait pas beaucoup d'endroit à aller, nous étions encerclés dans un périmètre de 4 kilomètres avec une estimation de 10 divisions allemandes autour de nous. Si les Allemands étaient venus vers nous, nous n'aurions jamais pu tenir la ligne, mais ils ne le firent jamais. »

Juste avant Noël, le temps s'est amélioré juste assez pour que des C-47 parachutes des vivres.

 «Nous avons pris ce que nous pouvions obtenir et gardé très proche de nous pour que personne ne puisse l'emporter. Plus tard, un certain nombre de P47 sont venu, ils étaient censés être américain. Ils l’étaient, mais ils ont commencé à larguer des bombes de 500 livres sur nous. Après la 3ème, nous avons commencé à tirer sur eux et je pense que quelqu'un a finalement reçu le message qu'il y avait des troupes amies sur le terrain puisque les bombardements ont cessé. Plus tard je suis allé jusqu’à un petit ruisseau pour chercher de l'eau et la première chose que j'ai vu était un casque de GI avec un gros trou de balle de calibre 50 d'un P47. Ensuite, j’aperçus quelque chose qui s’avéra être le cerveau du gars répandu partout dans les roches, je devais aller chercher de l'eau. Ainsi, il avait été touché par un tir ami. Comme vous pouvez le comprendre je n'ai pas bu beaucoup ce jour-là. »

À Noël, la Troisième armée brisa le siège et ouvrit la route de Bastogne. Pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté Mourmelon, les hommes de la Easy Company obtinrent un repas chaud.
Mais la bataille était loin d'être terminée. Le 3 janvier, deux hommes ont perdu leurs jambes dans un bombardement. Plus tard, la compagnie quitta le Bois Jacques et est allé vers une nouvelle position en dehors d'un petit hameau. La nuit du 9 janvier 1945 fut inoubliable pour beaucoup d’hommes de l’Easy Company comme une nuit d’enfer. L'enfer s'est déchaîné.  

 «Ce fut une terrible erreur tactique. Nous avons repris quelques vieux foxholes Kraut, et ils les avaient pris pour cible. Un obus tomba directement sur un trou et deux gars ont été tués. »

Herb était le coursier de la compagnie, et il fut envoyé à la station de collecte pour obtenir des brancards pour les deux.

«Le Lieutenant Shames m'envoya pour obtenir des ambulances, des brancards et des jeeps. »

« J'étais à la station de collecte à attendre que l’on me donne des pour les jeeps et y avait beaucoup de tirs d'artillerie; qui ne nous prenaient pas pour cible mais le bois. Soudain l'un des hommes d'une unité de tank alluma une cigarette à l'air libre et dans la seconde qui suivit l’artillerie entra en action. J'ai sauté dans un trou au dessus de quelques hommes blessés qui commencèrent à gueuler. Assez idiot, je suis sorti du trou et à nouveau un obus d’artillerie atterri à côté de moi. »

«Cela m’a projeté en l'air, et j'ai atterri dans la neige. Tout le monde fut tué. »
« J'ai essayé de relever mes jambes, et je ne pouvais pas. Il s'est avéré qu’un éclat d'obus avait traversé mes deux jambes et avait traversé les fémurs et mes cuisses. Un médecin est venu et m'a donné de la morphine. J'ai pensé que mes deux jambes avaient disparu. »
«Le plus drôle, c'est que je n'ai jamais perdu conscience durant tout ce temps. Je me souviens du doc faisant le tour de chacun des corps. Il dit:« Celui-ci est mort. Celui-ci est mort. Celui-ci est mort. »

Apparemment, supposant qu’Herb était trop gravement blessé pour survivre, les infirmiers ne lui appliquèrent jamais de garrots.

 « Ils pensaient que j'allais mourir et que c'était juste une question de temps. »
D'une certaine manière, cependant, le fragment d'obus avaient manqué l'artère fémorale, et comme Herb ne mourrait pas, les infirmiers le ramassèrent enfin et l’installèrent sur une Jeep.

 « Ils ne m’attachèrent pas mes jambes, et nous avons traversés un champ labouré et mes jambes rebondissaient. Je criais tellement, que je leur ai finalement dit de me frapper sur la tête pour m’assommer de sorte que les Boches ne nous repèrent pas. Mais ils ont juste continué à conduire. »

La Jeep l'emmena à un poste de secours dans une ferme belge. Herb fut posée sur une table de cuisine, et le médecin est venu l'examiner.

«Il pris des ciseaux médicaux et attacha de la gaze autour d'eux et les fourra dans un côté de ma jambe. Jusque-là, je dois avoir été en état de choc, parce que je ne ressentais aucune douleur. Il poussa les ciseaux dans le côté droit de ma jambe, et ils sont ressortis de l'autre côté. J'ai dit, « Oh, ça fait mal. » Et il me dit: «Oh, je n'en doute pas. »
Il a ensuite été emmené dans un hôpital de campagne dans un couvent. Il était midi le lendemain.
«Je me souviens avoir entendu une scie à la table voisine, et ils ont pris le bras d'un gars inconscient. Je savais qu'ils ne recouraient à l’amputation qu’en dernier ressors, car ils supposaient que vous n'alliez pas mourir. »

«Ils m'ont mis sur la table et le médecin se désinfecta et était prêt à y aller. Un caporal était sur le point de me donner quelques anesthésiques. J'ai dit au médecin:« Allez-vous prendre mes jambes? » Il me dit, 'Non' J'ai dit, 'Est-ce que vous vous foutez de ma gueule? " Il dit: «Non, pas du tout.” J'ai dit, 'Ok'. »

Herb se réveilla avec un plâtre qui lui enserrait la cage thoracique de haut en bas. Il n'y avait que 10° dans la pièce et le plâtre humide était froid. Pourtant, Herb demanda à l'infirmière de retirer la couverture de ses pieds.

« J'ai regardé et j'ai pu voir dix orteils. C'est tout ce que j'avais besoin de voir. Je me suis endormi et j'ai dormi durant 24 heures. »
Quand il en fut capable, il a rapidement écrit un V-mail à sa mère en lui expliquant ce qu’il s'était passé. Il n'avait jamais vraiment réussi à écrire à ses parents depuis qu’il était dans l’aéroportée.

 « Heureusement, le V-mail est arrivé à la maison avant le télégramme du gouvernement. Le télégramme disait juste que j'étais porté disparu au combat. »
Herb n'a plus jamais mis un pied au sol durant les neuf prochains mois. Il a dû passer par la traction du squelette pour permettre  aux os de se réparer ensemble et ne pas sortir des muscles du corps.

« J'ai dit aux gens plus tard, que si jamais ils voulaient passer quelqu’un à la torture, ils devaient les mettre en traction. C'est comme passé un fer chauffé à rouge dans les jambes. »
Il a également découvert une autre petite astuce des médics.

 « J'ai regardé une fois alors qu’il y avait des pansements sur mes plaies, j'ai vu des insectes ramper sur les plaies. J'ai crié après l'infirmière. Il s'avéra qu'ils avaient mis des asticots dans le plâtre pour ronger les chairs mortes. Ça permet d’éviter toute infection de commencer. »
Herb était arrivé à bord du Queen Mary, et il rentra chez lui à bord du Queen Elizabeth, un autre paquebot de luxe transformé en transport de troupes. Il est arrivé à New York le 13 avril 1945, le jour où le président Roosevelt est mort.
Il a été emmené au Schick Hospital à Clinton, Iowa. Plus tard, il passa sa convalescence dans un hôpital de Daytona Beach, en Floride. Après ses neuf mois étant alité, il fut en mesure de commencer la réhabilitation et passa neuf mois supplémentaires à réapprendre à marcher.

Herb fut démobilisé et est retourné chez lui à Chicago en mai 1946. Il a rapidement repris ses études à Marquette où il a obtenu un diplôme en génie. Il a rencontré une étudiante infirmière nommée Monna, et ils se sont mariés en 1950. Ils eurent neuf enfants et 15 petits-enfants.
Herb travailla pour plusieurs sociétés durant toutes ces années, y compris
la Westinghouse et la General Electric. Il était dans la vente et le marketing, où il pouvait utiliser sa formation d'ingénieur à bon escient.
Finalement, il s'est retrouvé dans le Minnesota où il a été directeur marketing et vice-président pour la Lief Brothers, il prend sa retraite en 1990. La famille vivait sur le lac Minnetonka pendant des années, et maintenant les Suerths vivent près du lac de Wayzata.

Herb fut très actif lors des réunions de la Easy Company, et est maintenant président des hommes de la Easy Company constitué de survivants de la compagnie.

 

 

Erbh et moi, le 25 septembre 2011 - Bastogne.

Les Décorations d'Herb Suerth.