Lawrence "Larry" A Michaelis 

Un Grand merci à Donna Juno (fille de Larry) pour m'avoir permis d'écrire un article sur son papa. D'avoir pris le temps de relire mon article et de le corriger. Merci à Larry d'avoir accepté de répondre à mes nombreuses questions.

 

     

 

Lawrence "Larry" A Michaelis est né le 29 mai 1924, à Madison, Wisconsin. Il était le plus jeune enfant de la famille. Lawrence avait deux frères et trois sœurs. Les noms de ses frères et sœurs sont : Randolph, Marie, Alice, Alfred "Happy" et Emily. Le nom de son père était Henry Michaelis et sa mère Emma Pierstoff Michaelis.
« Mes parents eurent différents emplois. A un moment donné, mon père a livré le courrier pour le service postal et il a aussi travaillé pendant de nombreuses années en tant que mécanicien automobile. Je sais que les parents de ma mère étaient des agriculteurs, et qu’ils ont aidés à la ferme. »
Il est diplômé de la West High School de Madison, dans le Wisconsin en 1942 et fut enrôlé le 11 Mars 1943. Il s’est présenté au rapport au Fort Sheridan dans l’Illinois le 18 Mars 1943. Il fut affecté pour suivre l’entrainement de base à la 106th Infantry Division.

 

Larry est au 106th Inf. Div. (il a le patch de cette unité sur l'épaule gauche)

 

« Un jour, ils nous ont rassemblés. A un moment les officiers appelèrent quelques noms de soldats. Mon nom était parmi eux. On nous a dit de rassembler nos affaires et de monter dans le bus qui attendait. Quand j'ai demandé pourquoi, ils m'ont dit que j'étais "volontaire" pour les Airborne Gliders. » 

Larry en permission chez lui en Avril 1944. Il est photographié avec ses parents.


Larry fut affecté à la 101st Airborne, 327th Glider Infantry Regiment, Compagnie C. Il fut expédié pour l'Angleterre le 13 mai 1944 et est arrivé le 25 mai 1944 juste avant le D-Day. A cause du manque de moyens de transport et le court laps de temps entre l'arrivée de Larry en Angleterre et le jour du D-Day, Larry resta en Angleterre jusqu'à l'opération Market Garden. Il reçut son baptême du feu en Hollande pendant l'Opération Market Garden, au troisième jour de l'invasion. Le peloton de Larry du 327th GIR atterri le 19 Septembre 1944 (J+ 2) près de Son. Toutefois, le planeur dans lequel Larry était s’écrasa bien avant d’atteindre sa destination. Près de 70 années se sont écoulées, mais Larry se souvient bien de son vol et l'atterrissage dans le planeur.

« Si vous avez déjà lu comment 27 planeurs n'ont pas fait tout le trajet, et bien j'étais dans l'un d'eux. Le brouillard était si dense et nous avons volé bas au-dessus de la Manche, à de nombreuse reprise, nous ne pouvions même pas voir le remorqueur – l’avions en face de nous. Lorsque nous quittions le brouillard,  une fois le planeur était au-dessus du remorqueur et une autre fois, c’était l’inverse!
Nous avons survolé les lignes allemandes au moins une fois, car nous avons eu quelques trous de balles dans les ailes, et le gars assis en face de moi... il y avait une banquette de chaque côté et c’était tout ce qu’il y avait...
Il était assis avec les jambes très écartées, et une balle est passée entre les deux à 30 cm et est tombée par terre... c'était une balle perdue... »

Larry fut secoué, mais ce n'était rien comparé à l'atterrissage.
«Nous sommes descendus et c'était comme un atterrissage sur un aéroport aussi agréable que possible et tout d'un coup nous avons touché un fossé de drainage, ça a arraché les roues du planeur, déchiré le fond et relevé le cockpit, (le cockpit pouvait se relever pour charger une jeep et d’autres équipements lourds) et le pilote et le co-pilote se retrouvèrent assis à l’envers. Bien sûr, ce n’était pas un vrai co-pilote, c’était juste un gradé de l’unité qui était assis dans le siège du co-pilote. Quand nous avons survolés la manche, le pilote du planeur a dit, qu’il devait essayer un petit peu, que s’il devait lui arriver quelque chose, il devait poser ce truc. Donc, il a essayé de piloter et le planeur monta et descendit fortement. Je me souviens que le pilote dit : je pense que je ferais mieux de garder le pilotage. »

Larry se souviendra jusqu'à la fin de sa vie, le combat en Hollande. La lumière du matin après un échange de tirs dans la nuit lors d'une attaque allemande qui révéla les corps de soldats allemands, gris, étendu à quelques mètres de son foxehole. Le 327th GIR s'est battu durant 73 jours, dont 48 jours au front jusqu'à ce que la division fut relevée et envoyé en repos à Mourmelon, en France. Là, Larry et beaucoup d'autres soldats de la 101st reçurent une permission pour visiter Paris. Mais cette période de calme repos prit soudain fin 16 Décembre 1944, quand les Allemands ont lancé une offensive contre les Alliés dans les Ardennes.
« Ils nous ont dit qu'il y avait eu une percée et que nous devions boucher le trou. Et nos ordres étaient de tenir jusqu’au dernier homme si nécessaire. »
Comme une seule unité, la 101st Airborne fut envoyé par camion à Bastogne, un important nœud routier qui devait être tenus à tout prix. Ceux qui étaient encore en permission à Paris furent rassemblés par les MP’s aussi vite que possible et envoyé à rejoindre leurs unités déjà partis.
« Dans la nuit du 17, nous avons embarqués dans des semi-remorques, 50 hommes avec notre équipement par camion,  au toit ouvert et nous étions tellement serrés que nous ne pouvions pas bouger. Nous avons roulé toute la nuit. Ordinairement, Ils ne roulaient pas avec les phares allumés, mais la Force aérienne allemande était si épuisée, qu’il n’était pas beaucoup inquiet par rapport à un mitraillage de nuit. Ils ont roulé toute la nuit pour nous emmener en Belgique où nous avons débarqués. »

En chemin, Larry croisa les restes de la 106th Infantry Division, son ancienne unité. Elle fut durement touchée par l’offensive allemande.

« J'avais un ami dans cette unité, Frank Schiro. (Frank a également grandi à Madison, Wisconsin) J'ai appris plus tard qu'il avait été capturé par les Allemands. Il a passé le reste de la guerre dans un camp de prisonnier de guerre allemand. Je suis resté en contact avec lui pendant de nombreuses années après la guerre. Il n'a jamais été le même après cela. Tout ce qu'il avait à manger était des épluchures de pommes de terre et ça a ruiné son estomac. Il est décédé il y a quelques années. »
A Bastogne, la situation était critique. Les Allemands finirent par encercler la ville. Et pour ne rien arrangé, en plus des tirs ennemis, la météo était exécrable. Il n’avait plus fait aussi froid en Belgique depuis 10 ans.

« Aucun de nous n’avait de thermomètre, mais il faisait froid… très froid. Bien en dessous de zéro durant plusieurs nuits. Je me souviens d’un endroit où nous avions creusés nos positions de combats et nous avions trouvés un tas de messages qui avaient été coupés. Il avait à peu près 3 mètres de long et d’une épaisseur d’un bon post-it. On les a mis dans nos tranchés et nous avons mis nos demi-tentes par-dessus et j’ai dormis là-dedans. Nous devions sortir quelques heures durant la nuit pour monter la garde, le matin l’ouverture était complètement givré et nous devions vraiment la casser. Je suppose que deux ou trois jours de plus, et ça aurait complètement gelé et ça nous serait tombé dessus. »
Le froid et le gel ont été très dur pour tout le monde, mais surtout pour les blessés non encore évacués. Beaucoup de soldats ont perdu des orteils et même les pieds à cause de gelures profonde et de gangrène.

« Je n’ai pas souffert d’engelure, on nous avait dit de garder nos pieds en mouvement. À un moment donné, nous avons rejoint le 2ème peloton. Il était 35 au départ, à ce moment il y en avait 4 de moins. Nous avons parcourus plusieurs kilomètres avec eux et le PC nous a dit de nous mettre à couvert. Nous avons trouvé des foxeholes et on a rampé à l’intérieur pour dormir. Certains gars du 2ème peloton rampèrent dans une grange qui était là. Il y avait beaucoup de trous autour donc je pensais rester dans un foxehole. Le lendemain matin, juste au moment où le soleil se levait, il y eu un char Tigre qui a grimpé vers nous et qui mitrailla la grange. Il y eu un gars tués tandis qu’il sortait de la grange, il valait mieux avoir froid que chaud. »

Larry se souvient des combats, intenses, au fusil ou à la grenade.

« La nuit, si vous entendiez quelque chose en face de vous, vous lanciez une grenade. Mais ces armes étaient de peu d'utilité si votre position était attaquée par des chars. Il y avait un Indien Cherokee qui était dans mon peloton (Perry Hayworth qui plus tard fut décoré pour cette action), il détruisit un char léger avec un bazooka. Il (Perry) était à environ 6 mètres de moi, il a visé dans la chenille et l’a fait exploser de sorte que le char ne pouvait que tourner en rond. Je suppose que le char était à environ 25 mètres en face de moi. Les Allemands ont commencés à courir. Peu d’entre eux s’échappèrent. »

Quelques jours avant noël, les soldats apprirent qu’ils étaient encerclés.

«Ils nous ont dit que nous étions encerclés, mais nous n’arrivions pas à le croire. Après un certain temps, nous l’avons lu dans le Stars and Stripes. Nous avons commencé à penser que peut-être c'était vrai. »

Encerclé, les munitions étaient rationnées, surtout pour l’artillerie de soutien. Du coup, l’artillerie n’ouvrait le feu qu’en cas d’extrême urgence. Du coup, les hommes au front devaient souvent faire face seuls aux attaques Allemandes. Quand le temps le permettait, la chasse joua un rôle de soutient mais Larry ne se souvient pas d’avoir vu cette aide. Il fallut attendre que le temps s’éclaircisse, le 23 décembre 1944 pour que les premiers appareils apparaissent dans le ciel et notamment des C-47 qui parachutèrent vivres et munitions qui faisaient grandement défaut. Dans leurs foxeholes, les hommes grelottaient de froid et de faim. Mais ce n’était rien face aux risques d’être blessé ou encore de voir tirer sur un homme presque face à face.  

« La plupart des gars disaient que si vous deviez le faire, vous le fassiez sans vous en inquiéter. Comme quelqu'un l'a dit, s'il y a une balle là-bas avec votre nom, et bien, elle était pour vous. Il suffit de ne pas coller sa tête sur un trou lorsque ce n’est pas ton tour. »

Larry se souvient d’un incident :

« Il y avait un gars qui voulait une Silver Star. Un chef de section du 2ème peloton ... Je l'ai entendu dire à plusieurs reprises que la Silver Star est l'une des plus belles médailles qui existe. Je vais faire le plus possible pour en obtenir une. Puis une nuit, la moitié de notre section était censé partir en patrouille et ce gars voulait aller à ma place. Eh bien, laissez-le aller s'il veut j'ai dit. Je ne sais pas combien d'hommes sont allés en patrouille, mais ils sont allés sur un chemin, les trois premiers n'ont rien eu et le quatrième homme a marché sur une mine qui lui emporta son pied. Il ne fallut pas longtemps avant qu’ils soient de retour emmenant ce type sans pied. S'il n'avait pas voulu aller, bon sang, c’est moi qui aurais été dans cette patrouille. »

Larry quant à lui obtient une médaille dont sa famille est le plus fier, la Purple Heart. Cela se produisit le 13 janvier 1945, après que le siège de Bastogne soit rompu et les Allemands refoulés des Ardennes.

« Nous avons traversé les lignes du 506th PIR pour attaquer et nous étions chargé en munition. Sur le chemin qui y montait, ils y avaient quelques gars du Quartermasters de la division avec des boites de munitions. Vous pouviez avoir toute les munitions supplémentaires que vous demandiez. J'avais une ceinture complète et deux bandoulières mais j’ai pris deux bandoulières de plus et nous sommes passés par une compagnie du 506th. Alors que nous attaquions, tout le monde tirait tout le temps. Même les gars portant des mitrailleuses continuaient de tirer en continu. Nous avons touché une poste allemand, c’était un abri en rondins avec une demi-porte et des gravats dessus. Ce n'était pas très intelligent de regarder dedans. Un gars y a été, jetta une grenade dans le trou et continua. Puis un groupe d'Allemands finit par se rendre sortant les mains en l’air et comme nous n'étions pas trop loin devant le 506th, nous leur avons dit d’aller dans leur direction. C'était un groupe qui, je pense, devais se dire qu'il était temps de terminer la guerre. Nous ne sommes pas allés très loin quand un obus de mortier a explosé dans les arbres au-dessus de nous et c'est là que j'ai été touché. Debout une seconde et la seconde suivante, le visage dans la neige. J’ai é touché au thorax. Juste un trou comme ça (indiquant un trou avec ses doigts sur un pouce et demi de diamètre) et je pensais que c’était ressorti. Cela ne faisait pas vraiment mal, juste ça piquait fort. Je ne savais pas si j'avais un grand trou ou un petit trou ou quoi d’autres. Je savais qu'il y avait quelque chose. Un doc est arrivé en courant et me dit qu'il ne pouvait pas déchirer la veste, que je devais l'enlever si je le pouvais. Il a déchiré ma chemise, il me dit de ne pas m’inquiéter que ce n’était pas trop grave. J'ai dit que je pensais pouvoir rester dans les parages. Il me dit, imbécile, fout le camp d’ici, il y a une station d'aide pas loin le long du chemin. »

Pour Larry Michaelis, la Bataille des Ardennes était terminée. Il subit une intervention chirurgicale et passa trois semaines en convalescence dans un hôpital avant de rejoindre le 1er Bataillon du 327th GIR six semaines plus tard, la guerre n’était pas finie. La 101st traquait la bête Nazie jusque dans son pays. Au printemps de 1945, dans le sud de l’Allemagne, Larry pu observer les premiers signes de la défaite Allemande. Des milliers de soldats, marchant à pied, désarmés, agitant des drapeaux blancs se dirigeant vers les lignes Américaines pour éviter d’être fait prisonnier par les Russes. Durant les combats, Larry n’avait pas consciences des crimes du régime Nazis. Mais un jour, les camions les transportant passèrent près d’un camp de concentration.

« Nous avons été transporté dans le sud de l’Allemagne par camion. Nous n’avons pas été dans un camp de concentration, mais notre convoi de camion à croiser des qui avaient été libéré. Ce n'étaient que des squelettes avec la peau tendue. Comment diable pouvaient-ils marcher, je ne pouvais pas comprendre. Ils portaient ces vêtements de prisonnier rayé. Ce n'étaient que des squelettes. »

Le 5 mai 1945, la guerre était finie en Europe. Le 8 mai, les Allemands signèrent la capitulation. Pourtant pour Larry et ses camarades, ce n’était pas fini. Dans le Pacifique, les japonais combattaient toujours. La 101st Airborne Division fut désigné pour être déployé là-bas et envahir le Japon.

« La rumeur courait que nous allions recevoir 30 jours de permissions aux Etats-Unis et ensuite d’être expédiés vers le Japon pour l'invasion. Ils nous ont dit que si nous allons au Japon, nous aurons à sauter en parachute. »

Alors que les hommes de la 101st Airborne étaient au nid d’aigle d’Hitler, ils apprirent avec soulagement que les Japonais capitulaient suite au deux bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki. Larry fut démobilisé en décembre 1945 avec le grade de Staff Sergeant.

G-D: Steve Lisewicz-Thomas Smith-Roy Reed-Lawrence Michaelis

Schaffhausen, Suisse 30 Août 1945

 

Schaffhausen, Suisse

30 Août 1945

Sens, France

23 Septembre 1945

 

« Je n’ai pas repris mes études après la guerre. Je suis devenu cultivateur avec mon frère aîné Randolph à Black Earth dans le Winsconsin. Randolph est décédé en juin 1995. Aujourd’hui, je suis encore propriétaire de la ferme, mais je loue mes terres à un autre agriculteur. »

Durant la guerre du Vietnam dans les années 70, Larry a travaillé dans une usine de munitions à Baraboo, Wisconsin. Il a également travaillé pour une entreprise de construction de Maison préfabriquée : Windsor House à Madison, WI.
Le 28 octobre 1950, il épousa Jane Meekma. Ils ont cinq filles : Jeanne (5 Octobre, 1952 - 30 Avril, 1995), Lois (1955) , Karen (1959) , Donna (1961) et Irène (1966). La famille a également 7 petits-enfants: 2 filles et 5 garçons et 6 arrières petits-enfants : 5 garçons et 1 fille. Aujourd’hui, Larry Michaelis vit paisiblement dans la ferme familiale, à l’extérieur de Black-Earth, WI. Il y passe son temps à lire et à travailler le bois. Il a déjà fait des meubles comme une bibliothèque, un coffre en cèdre et une table. Lui et son épouse ont déjà remis à neuf des meubles. Il aime aussi assister à des évènements sur la Seconde Guerre avec sa fille Donna. Ils se sont envolés pour Washington DC avec le Badger Honor Flight en septembre 2012 et ont participés en 2012 et en 2013 aux réunions des vétérans de la Battle of the Bulge. Larry fut à Washington DC le 29 mai 2004 pour l’inauguration du monument commémoratif de la Seconde Guerre Mondiale. Il fut inauguré lors de son 80ème anniversaire.  

Réunion de vétérans de la Battle of the Bulge. Larry au milieu, derrière le vétéran avec la chemise bleu foncé.

Septembre 2013 - Kansas City, Kansas, USA

 

2 Juin 2012 - Milwaukee, Wisconsin USA

 

De la guerre, il lui reste sa Ike Jacket avec ses médailles, quelques lettres que sa mère a sauvé et quelques photos.
Larry revient en Europe pour la première fois en Septembre 2004 pour le 60e anniversaire de l'opération Market Garden. Il est également retourné en 2005 et en 2010. Lui et Donna ont également l'intention de visiter Bastogne en Avril 2014 et la famille prévoit une célébration de son 90ème anniversaire en Juillet 2014.