JOHN W Leather

A LA MEMOIRE

 

C'est avec beaucoup de tristesse que je dois vous faire part de la disparition de mon ami John Leather. Il est décédé paisiblement, le 10 novembre 2014. N'oublions jamais ce que ce monsieur a fait pour nous. Repose en paix John.

L'histoire de John Leather fut présenté sur des panneaux lors de la marche: Dead Man's Ridge Walk en 2014 en présence de John et deux de ses enfants.

 

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Jeunesse :

John William Leather, fils de Lewis Leather et Bertis Irving est né le 23 novembre 1924 à Beaver Creek, comté de Washington, état du Maryland. Il eut un frère aîné, Lloyd et une sœur aînée, Mildred.  Sa famille d’origine allemande et irlandaise, possédait jadis une ferme de 40 hectares à Smoketown où elle élevait des vaches laitières, des poulets et cultivait des légumes. John effectua toute sa scolarité à Hagerstown et aidait ses parents aux tâches agricoles pendant son temps libre. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata, il terminait ses études. Une fois diplômé, il trouva un emploi à la société « Danzer Metals » à Hagerstown où il assemblait des stérilisateurs de cruches à lait. A 17 ans, il tenta successivement de s’engager comme volontaire dans la Marines Corps, dans la Navy puis dans l’Army Air Corps, mais à chaque fois, il fut refusé à cause de ses pieds plats. Finalement le 3 avril 1943, John fut appelé à rejoindre l’Army. Une semaine plus tard il devint soldat et dut se séparer de Katherine, la jeune fille qu’il fréquentait.

 

Sur le chemin de la guerre :

Le 10 avril 1943, John se rendit à Fort George G Meade, Maryland où il effectua tout le processus d’enrôlement administratif et médical avant de recevoir son uniforme et son équipement. Le nouveau Private reçut le numéro de matricule 33719192 et arriva rapidement à Camp Mackall, North Carolina, pour y recevoir l’entraînement de base. Sans pouvoir choisir, il intégra le 1st Squad, 1st Platoon, Fox Company, 194th Glider Infantry Regiment (F/194th) de la 17th Airborne Division qui fut activée le 15 avril de la même année. Le Colonel James R Pierce commandait ce régiment initialement constitué le 16 décembre 1942 comme régiment d’infanterie régulière.

Les conditions de vie à Camp Mackall, près de la ville d’Hoffman étaient rudimentaires et peu confortables : les hommes logeaient dans des baraquements faits d’armature en bois recouverte de papier épais goudronné. Le sable et la poussière s’immisçaient partout et le soleil estival provoquait l’envolée des températures et les départs d’incendie. Au terme de l’entrainement développant la condition physique et l’esprit de corps, John devint Private First Class et entama l’entrainement inhérent aux opérations aéroportées. Dès lors, l’utilisation et la connaissance des planeurs CG4A Waco n’eurent plus de secret pour le jeune homme devenus caporal faisant fonction. Il obtint son brevet Glider le 7 janvier 1944. En février, John Leather et son régiment participèrent pendant un mois aux grandes manœuvres dans le Tennessee, qui se déroulèrent dans la neige, sous la pluie et dans un vent glacial. Le 27 mars, il arriva à Camp Forest, Tennessee, où l’attendait des installations plus confortables qu’à Camp Mackall. Dès lors, le Caporal Leather s’exerça au maniement de plusieurs types d’armes. Le 17 juin, profitant d’une opportunité offerte par le Général William Miley, il obtint son brevet de parachutiste après la formation spécifique.

Entrainement au Camp Mackall - 1943

Prélude à l’enfer :

Le 14 août, la division se prépara à son transfert pour l’Europe en passant par le Camp Myles Standish, près de Taunton, Massachusetts. Six jours plus tard, à Boston, John embarqua que l’USS Wakefield à destination de Liverpool. La traversée dura huit jours. Le 30 août, il arriva en train à Camp Chiseldon, proche de Swindon, Wiltshire, sur du Royaume-Uni. En septembre, la 17th Airborne Division fut tenue en réserve de l’opération « Market Garden » à laquelle elle ne dut finalement pas prendre part. Sans discontinuer, les entraînements diurnes et nocturnes reprirent au sol comme dans les airs. Le 12 décembre 1944, un planeur britannique Horsa avec lequel John s’était entrainé la veille, s’écrasa au sol, tuant tout son équipage. L’accident se serait produit un jour plus tôt et John aurait perdus la vie ! Pour seul séjour de permission, il passa deux jours à visiter Londres avec des camarades.

Le 19 décembre, suite à l’offensive allemande dans les Ardennes belges, la division fut mise en état d’alerte. En moins de 24h, la F/194th rejoignit l’aérodrome de Ramsbury, Wiltshire. Les hommes transportaient tout leur équipement sur eux, y compris les armes lourdes et les munitions. Quatre jours s’écoulèrent, car les avions ne purent décoller à cause d’un épais brouillard et de la mobilisation d’appareils ravitaillant Bastogne. John se souvient des biscuits distribué par la Croix-Rouge : « Pendant l’attente, j’ai reçu des petits gâteaux aux fruits secs, que j’ai d’abord fourré dans mon paquetage avec tout mon matériel. Ils sentaient et goutaient le savon, mais je les ai cependant tous mangés. » Le 24 décembre, le ciel se dégagea, permettant à une grande partie du régiment de décoller et d’atterrir à 17h35 à environ vingt kilomètres au nord-ouest de Reims, département de la Marne, France. Au cours de la nuit, John entra à Camp Moumelon, près de Châlon sur Marne. Le 25 décembre à 22h30, promu sergeant depuis peu, il monta dans un camion qui l’emmena à Sedan, département des Ardennes. La mission de la F/194th fut de garder un pont sur la Meuse et de patrouiller le long du fleuve afin d’empêcher toute activité des Allemands. Pendant les 5 jours passés là-bas, le temps fut très froid, humide et d’une faible visibilité. Chaque soir, vers minuit, un avion ennemi survolait le fleuve et esseyait de bombarder les ponts. John se souvient du premier passage de l’avion : « On ne savait pas très bien ce qu’il se passait, c’était nouveau pour nous et cela nous effrayait. Lui tirer dessus ne servit pas à grand-chose, sauf peut-être à le gêner dans sa visée. Le pont ne fut finalement pas bombardé. »

Au cours de la nuit du 1er au 2 janvier 1945, la division reçu l’ordre de partir près de Bastogne, Belgique, pour être rattachée à la 3rd Army du Général George S Patton. John descendit du camion à Morhet-Station. « Le 3 janvier, mon squad reçu l’ordre de partir en patrouille le long de la voie ferrée pour atteindre une gare et établir le contact avec les gars de la 101st Airborne Division. Nous avons marché de 3 à 4.5 kilomètres, mais nous n’avons rencontré personne. Bernard H Deem, mon Staff Sergeant, décida de rebrousser chemin et de retrouver notre platoon. » Vers midi ce jour-là, le 194th GIR installa son poste de commandement dans le village de Magerotte. La 17th Airborne Division, relevant la 11th Armored Division, venait de se placer entre la 87th Infantry Division à sa gauche et la 101st Airborne Division à sa droite. Les hommes s’apprêtèrent à affronter un ennemi décrit comme affaibli et ayant perdu une grande partie de son potentiel. Il en fut tout autrement et seuls les tripes, la ténacité et le courage allaient leur permettre de faire face aux chars, aux mortiers, aux canons et aux Panzer Grenadiers de la SS Brigade Remer retranchés devant la crête longeant la route nationale menant de Marche-en Famenne à Bastogne. La couche de neige atteignait alors jusqu’à 50 centimètres par endroit et le froid intense, ce qui provoqua l’évacuation de beaucoup de soldat avant même qu’ils aient combattu. En soirée, le Col Pierce communiqua le plan d’attaque prévu pour le lendemain. L’objectif fut de prendre le village de Flamièrge, au-delà de la route nationale. Le 1st Battalion (1/194th) du Lt Col Franck L Barnett resterait en réserve régimentaire alors que le 2nd Battalion (2/194th) du Lt Col John T Stewart attaquerait sur le flanc gauche et le 3rd Battalion sur le flanc droit. Ce dernier était en fait le 550th Infantry Airborne Battalion du Lt Col Edward I Sachs, que l’on avait rattaché au régimen. Les hommes qui le composaient étaient des vétérans de la libération du sud de la France. A la droite du régiment se trouvait le 513th PIR également prêt  à attaquer Flamièrge en passant par Mande Saint Etienne et Flamisoulle. Le 507th PIR, quant à lui, se trouvait en réserve divisionnaire derrière les 194th et 550th. La région avait connu de lourd combats depuis le 30 décembre, lorsque la 11th Armored tenta d’élargir le corridor créé au sud de Bastogne.

Les Ardennes Belges ou la fin de l’innocence :

Le 4 janvier 1945, à 8h15, après une préparation d’artillerie, la F/194 du Capitaine Robert J Dukes, bien qu’en réserve, quitta sa position de départ aux abords de Pinsamont. Suivant derrière les compagnies D et E, elle progressa à travers champs à l’ouest de la route Rechrival-Lavaselle. L’objectif du bataillon était la colline 460 au nord des hameaux de Rechimont et Laval. Cest à partir de l’arrivée des A&B/550AIB à Hubermont, Millomont et Renuamont vers 10h, que la résistance allemande commença à se faire sentir partout. La neige et le blizzard s’invitèrent pendant l’après-midi et compliquèrent la situation. Dès 14h, le 2/194GIR connut une première forte contre-attaque menée par l’infanterie allemande et onze chars soutenu par des canons de 88mm situés au sommet de la côte 510 derrière Renuamont. Cela engendra les premières pertes importantes à Hubermont et Rechimont. Malgré la crainte inspirée par de telle arme, John ne cachait pas son admiration. « Pour moi, le canon de 88mm allemand était l’un des meilleurs au monde. Nous les entendions tirer au loin, derrière la crête, mais ne nous pouvions les voir. » Vers 16h, la E/194th atteignit difficilement le sommet de la colline 460 mais dut battre en retraite sous la pression de l’ennemi. Elle s’enterra deux cents mètres en contrebas.  De justesse, la F/194th échappa ainsi à une attaque à la baïonnette pour secourir se consœur, la E/194. La situation devint de plus en plus difficile en cours de soirée alors que le poste de commandement régimentaire s’installa au hameau de Brul.

Ce jour-là, terré dans un trou avec un de ses hommes, le Sergeant Leather essuya un tir qui déchiqueta le sapin situé derrière lui. Lorsque la salve se termina, il rampa pour couper les branches et s’en faire un toit qui lui sauva très certainement la vie lors d’un bombardement suivant. Face à cet enfer, John commença à accepter la fatalité de la situation. « Plus tard, lorsque nous avons changé de position, j’ai tenté de creuser un trou, mais le sol était tellement gelé qu’au premier effort, la pointe de ma pelle se plia. J’allais assez vite comprendre que creuser ne servait à rien, tant la terre était dure et que nous ne restions jamais longtemps au même endroit. Je préférais épargner mon énergie et juste m’installer tel quel. Si je devais mourir, autant que je sois reposé. »

Le 2/194GIR commença à reculer aux premières heures du 5 janvier, mais on lui ordonna de tenir tant que les B&C/550AIB livraient des combats au corps à corps dans Renuamont, sous une pluie d’obus de mortier. A 5h, le Col Pierce ordonna le retrait de tout son régiment vers le village d’Houmont, où la F/194 s’abrita ensuite dans une ferme et des maisons. En cours de route, beaucoup de matériel, d’armement et de munitions furent abandonnés. Rien qu’autour de Renuamont, on estime les pertes à cent soixante hommes tués, blessés ou capturés. En matinée, onze chars Sherman, venus en renfort furent détruit par les canons allemands ou mis en fuite. A l’inverse, trois chars allemands furent toutefois détruits et d’autres se dispersèrent. Des snipers ennemis harcelèrent les troupes.

Le 7 janvier, à la demande du Général Patton, la division lança une seconde attaque dont l’objectif était toujours de prendre Flamierge. Le 194th GIR reçut à nouveau pour mission de prendre les hameaux de Rechrival, Hubermont et Milomont avec le 2/194 sur la gauche et le 1/194 à droite. Le 550IAB, très affaibli, demeure en réserve à Houmont. La température avoisinait les -7°C, le brouillard stagnait et la neigetombait. N’ayant conservé que leurs armes, leurs munitions et leurs grenades, les hommes du 1/194 s’élancèrent en premier vers Millomont à 8h15, suivi deux minutes plus tard par le 2/194 vers Hubermont. Après avoir traversé Rechrival vers 10h, la F/194GIR atteignit Hubermont. Le platoon de John en tête depuis le départ poursuivit même son avance au-delà du village. Dès midi, les Allemands contre-attaquèrent de toutes leurs forces, au point que le Capt. Dukes ordonna à sa compagnie de battre en retraite jusqu’à Rechrival et de défendre la place à tout prix. La neige fit son réapparition à la tombée de la nuit. John et ses camarades demeurèrent à Rechrival pendant les jours qui suivirent, comme un avant-poste logé à 1,5 kilomètres du reste du régiment.

Lorsque le squad de John Leather défendit Rechrival, le Staff Sergeant Deem fut tué par le souffle de l’explosion d’un obus. John tenta de secourir son supérieur en l’amenant à une jeep pour le conduire à l’arrière des lignes, mais ses efforts furent vains. C’était dès lors à lui de reprendre le commandement de ses camarades. Ces jours restent gravés dans leurs esprits comme la « Bataille de Rechrival » : « Peu après un messager est venus demander du renfort sur la ligne de front. J’ai encouragé mes gars, mais l’un d’eux répliqua que c’était du suicide d’y aller. Ne voulant pas de problème avec ma hiérarchie, Je pensais que je devrais l’envoyer en cour martial, mais en fait, j’avais d’autres choses à m’inquiéter. Sur une colline au loin, nous pouvions voir le clocher d’une église et nous avons pensé qu’un sniper pouvait s’y cacher, même si nous n’étions pas tout à fait sûrs. En tout cas, il y avait beaucoup d’activité dans notre secteur. Nous avons fait mouvement d’un hameau à l’autre jusqu’à ce que nous ayons trouvé du repos dans un bâtiment. Durant la nuit, quand mon tour de garde est arrivé, j’ai installé mon BAR près de la fenêtre. Mes réflexes étaient mis à rudes épreuves quand j’ai entendu un bruit régulier venant sur moi. Je pensais que c’était des Allemands et j’étais prêt à ouvrir le feu quand j’ai réalisé que la cause de mon inquiétude était une vache errante. J’étais soulagé et heureux de ne pas avoir réveillé mes camarades. » Les jours suivant, le 194GIR et le 550 AIB ont tenus des positions défensives, repoussant plusieurs patrouilles ennemies.

Le 12 janvier en fin de nuit une rumeur se propagea : l’ennemi avait évacué Laval, Hubermont et Renuamont en y laissant que des éléments retardateurs. A 9h00, malgré la météo toujours peu profitable, la troisième poussée du régiment fut la bonne face à un ennemi se repliant vers le nord-est. Les hameaux furent finalement repris et une patrouille du 1/194GIR atteignit la côte 510 vers 13h20. Ce jour-là, partout, le front divisionnaire venait de progresser, le verrou venait enfin de sauter après huit jours d’efforts.

Le 13 janvier 1945, en matinée, tout le 194GIR fit un bond en avant en franchissant la route nationale. A 10h15, les trois bataillons s’étendirent de la côte 510 jusqu’à 500 mètres au nord de Flamierge, le long de la route menant à Salle. Le Colonel Pierce déplaça son poste de commandement au hameau de Tronle. En soirée, des reconnaissances constatèrent que des blindés et des fantassins ennemis continueraient de refluer vers l’est. Après la prise de Bertogne le 14 janvier, la division passa en mode défensif tout en progressant et en faisant des prisonniers. Au cours des jours qui suivirent, soutenue par la 11th AD, la 17th Airborne Division poursuivit les éléments épars des 9. Et 130. Panzer Division et 26. Infantrie Division en direction de Compogne, Mabompré, Houffalize, Limerlé. Dès le 20 janvier, à l’approche du Grand-Duché, son avancée fut ralentie par la neige, les obstacles et les mines laissés par les Allemands pour retarder leurs poursuivants.   En l’espace de trois jours, John et ses camarades du régiment vécurent une parenthèse des plus agréables. « Une fois mis en réserve divisionnaire, nous avons immédiatement recherché un peu de chaleur en nous abritant dans des bâtiments. Ce n’était pas du luxe, mais au moins nous n’étions plus à l’extérieur. De la nourriture nous arriva, tout comme le journal et le courrier de nos familles. Ces trois éléments firent réellement notre bonheur. »

Le 24 janvier en soirée, après cette période de repos, le régiment se déplaça en camion jusqu’à proximité de Hautbellain pour assister le 193GIR dans sa progression du lendemain. A 8h30, le Colonel Pierce installa son unité à droite du 193GIR, là où le flanc divisionnaire risquait d’être exposé aux attaques ennemies. A cette occasion, il fut soutenu par des équipes afro-américaines du 761st Tank Battalion dont il apprécia largement la collaboration. Le jour suivant, bien que la 87th Infantry Division fût chargée de relever la 17th Airborne Division, cette dernière continua d’avancer ce qui permit à la F/194GIR d’atteindre le village de Goedange. Le 27 janvier vers 21h, elle céda définitivement sa place et amorça son déplacement vers le centre du Grand-Duché.

Jusqu’aux contreforts de la ligne Siegfried :

Si la bataille des Ardennes se termina officiellement le 26 janvier, cette date marqua également le début de la campagne de Rhénanie par le franchissement de la frontière allemande et la percée de la ligne Siegfried. Pour la division, la mission était maintenant de conserver la crête baptisée « Skyline Drive », de repousser les Allemands sur la berge orientale de la rivière Our, de traverser la rivière et de sécuriser les hauteurs au-delà de la ligne Siegfried. La division fit face au 5. Fallschirmjäger Division, et 79. Volksgrenadier Division.

Après un trajet en camion, la semaine du 28 janvier au 4 février marqua un moment de répit pour le Sergeant Leather et ses hommes qui demeuraient en réserve divisionnaire à Pintshe et Enscherange. Ils se tinrent prêts à relayer leurs camarades des 507PIR, 513PIR et 193GIR engagés défensivement sur la rive ouest de l’OUR entre Dasburg et Hosingen. Cette seconde période de repos, de réhabilitation, de repos et de réconfort fut plus que bienvenue pour les hommes du 194GIR. Au même moment, le temps s’adoucit et la neige commença à fondre.

Le 5 février, le 194GIR releva des éléments du 6th Cavalry Group, étalant son 1st Battalion au nord, juste devant la ligne Siegfried, son 2nd Battalion au centre de sa zone, en réserve à Consthum et le 550AIB eu sud, lui aussi en réserve sur la « Skyline Drive ». Dès ce jour, les hommes organisèrent des patrouilles rapides, observèrent la ligne Siegfried et capturèrent des prisonniers à des fins de renseignement. Là encore, lorsqu’il dût se protéger de l’artillerie allemande, John, au lieu de creuser la terre gelée, préféra simplement s’installer sur le sol et attendre que cela passe.

Le 10 février, la 17th Airborne Division fut relevée en ligne par la 6th Armored Division et rapatriée en train et en camions vers Camp Châlons-sur-Marne où elle arriva deux jours plus tard. Quant à lui, le régiment de John Leather fut remplacé par le 1252nd Engineer Combat Battalion.

Avec l’expérience rapidement acquise dès les premiers jours, John parvint à se protéger du froid tant bien que mal. « Nous avons appris qu’une couverture était plus efficace tendue au-dessus d’un foxhole qu’en roulée autour du corps. Ainsi, elle formait un toit et retenait le peu de chaleur que produisaient notre corps et notre respiration. Nous les découpions également pour servir de doublure sous une veste ou encore pour envelopper nos chaussures, ce qui ne nous dispensait pas de battre des pieds pour maintenir la circulation sanguine. Mettre les mains sous les aisselles était également un moyen pour garder les doigts un peu au chaud et pouvoir manipuler nos armes. Lors de cette campagne glaciale en permanence, mon matériel aussi souffrit de la météo. Ma gourde en fut la première victime et je l’ai retrouvée complètement gonflée sous la pression de l’eau qui avait gelé à l’intérieur ! Le froid fut si intense que mes mains et mes pieds gelèrent particulièrement. »

Dans de pareilles conditions, il fut impossible à John de changer de vêtements, de se raser et de se laver de manière décente, l’hygiène étant réduite à sa plus simple expression. Son uniforme se composait uniquement de la tenue en laine, accompagné de la veste de combat M43 et du pantalon à poche ajoutées. Il possédait aussi un imperméable et une couverture. Le fusil M1 Garand et des grenades constituaient l’essentiel de son armement, mais John utilisa aussi occasionnellement le fusil automatique BAR. Pendant les sept semaines passées en France, en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg, il n’eut jamais l’occasion de laver ses vêtements, ses chaussettes furent des plus rebutantes. Pendant cette même période, il ne connut qu’un seul repas chaud servi par l’intendance, tout le reste ne fut que des rations C et K.

Châlons-sur-Marne, une nouvelle ère :

L’arrivée à Camp Châlons-sur-Marne le 12 février 1945 ne ravit pas les hommes de la 17th Airborne Division qui durent avant tout organiser leurs installations pendant une semaine, ne partant de presque rien : monter des tentes, stabiliser les chemins, structurer des îlots, créer des lieux d’aisances et d’hygiène. Ce grand effort logistique se déroula dans la boue et sous une météo peu clémente. En moins de 15 jours, le 194GIR se rééquipa et compléta ses effectifs. Les séances d’entraînements intensifs au sol comme en vol reprirent immédiatement. Le 1er mars survint une refonte de la division suivant les nouvelles tables d’organisation et d’équipements des unités aéroportées. Comme d’autres unités, le régiment accueillit des éléments survivants des 193GIR et 550AIB gravement décimés ou dissouts. Il fut dès lors officiellement constitué de compagnie. Toutefois, au vu de son leadership lors de la Bataille des Ardennes, il fut officiellement promu au grade de Staff Sergeant.

Le 6 février 1945, le haut état-major de la 1st Allied Airborne Army décida d’une nouvelle opération aéroportée  destinée à établir une tête de pont sur la rive orientale du Rhin dans la région de Wesel et Hamminkeln, en Westphalie, Allemagne. Elle devait ouvrir la voie au franchissement du fleuve par les divisions alliées attendant de foncer vers l’est. L’opération baptisée Varsity, conjointement avec la 6th British Airborne Division, allait constituer la troisième campagne et la première opération aéroportée de la 17th Airborne Division. En vue de cette grande opération, le 194GIR se vit adjoindre le 681st Glider Field Artillery Battalion ; les batteries B et E du 155th Airborne Anti-Aircraft Battalion ainsi que les pilotes des 435th, 436th, 437th et 439th Troop Carrier Groups qui reçurent un entraînement d’infanterie sommaire. Tous constituèrent le 194th Glider Combat Team.

Le transfert du 194GIR vers les aérodromes qui lui furent assignés commença le 19 mars en soirée. Tous furent hautement sécurisés pour garantir le secret de l’opération. Mis en quarantaine, les hommes bénéficièrent d’une foule d’activités et de loisirs : cinéma, bibliothèque, sports, jeux, musique, cantines et services religieux. Comme il le fit régulièrement tout au long  de son passage sous les drapeaux, John Leather prit alors le temps d’écrire une lettre à ses parents pour entretenir le contact et donner de ses nouvelles. Au cours des trois derniers jours avant l’opération, chaque homme prit connaissance des photographies aériennes, consulta les cartes, les photos aériennes et étudia les maquettes en sable. A ce moment, tous les équipements, les armes et les munitions furent chargés à bords des planeurs.

Opération « Varsity », combat au cœur du Reich :

L’opération Varsity constitua une première à plusieurs niveaux : première utilisation de l’avion de transport C-46 Commando, premier atterrissage en planeurs sur une zone non sécurisée préalablement par des parachutistes et premiers remorquages de planeurs en duo. Les groupes de combat divisionnaires décollèrent de douze aérodromes répartis au nord-est et à l’est de la région parisienne. L’ordre de bataille prévoyait les atterrissages successifs des 507PCT, 513PCT, 194GCT puis l’état-major et les unités spécialisées. Une fois en vol, le passage de cette énorme armada aérienne dura 2 heures et 18 minutes. Les Allemands eurent vent de l’opération environ une semaine avant son déroulement, ce qui fut assez pour qu’ils concentrent leurs forces au nord de Wesel en regroupant des éléments épars d’artillerie et d’infanterie disponibles rapidement.

Le terrain sur lequel devait se poser et combattre le 194GCT, la Landing Zone S se trouvait au nord-est de la ville de Wesel, délimité par la rivière Issel et le canal du même nom. La mission du régiment de John consistait à s’emparer et tenir les huit ponts enjambant les deux cours d’eau, établir une ligne de défense face au nord-est et au sud-est et supprimer toute résistance dans cette région jusqu’à l’arrivée des unités terrestres venant de la rive occidentale du Rhin.

Ce matin-là, le Staff Sergeant John Leather fut réveillée à 3h30 du matin et reçut comme petit-déjeuner, une demi-heure plus tard, un morceau de steak et de tartes aux pommes. Une fois complètement équipés et prêts pour le départ, sa douzaine d'hommes et lui s'abritèrent sous l'aile de leurs planeurs avant d'embarquer à 6h45, moins d'une heure avant le décollage. Le moral de tous était au beau fixe. « Les planeurs CG4A Waco n'étaient qu'une structure de tubes métalliques recouverte de toile rigidifiée et de bois stratifié. L'aspect fragile et  vulnérable de ces avions sans moteur n'inspirait nullement la sécurité, mais nous étions confiants grâce à notre entraînement. Toutefois, nous avions la gorge nouée, car cette fois-ci, c'était pour de bon. Mes hommes et moi avons embarqué dans le planeur 21, l'un de ceux réservés à ma compagnie ». Le planeur de John fit partie du Serial A8 qui décolla de l'aérodrome de Coulommiers-Voisins, situé cinquante kilomètres à l'est de Paris. La traction fut assuré par un C-47 Dakota du 437th Troop Carrier Group, Ixth Troop Carrier Command, Ixth Army Air Force.

Dès 7h34, tous les planeurs du 194GIR quittèrent le sol en onze minutes. Une météo parfaite accompagna un vol sans encombre. Le bruit à bord du planeur rendait les conversations difficiles, plusieurs soldats dormaient, d'autres fumaient tout en cachant leur appréhension. Les deux pilotes se partageaient les commandes tous les quarts d'heure et veillaient à ce que le câbles de remorquages ne se croisent pas ou ne touchent pas le fuselage du planeur voisin portant le numéro 22.

Lorsqu'ils survolèrent le Rhin, un déluge d'artillerie antiaérienne et d'armes légères accueillit les troupes aéroportées, générant explosions, fumées épaisses et shrapnels volants en tous sens et causant déjà des pertes. John se souvient que l'impact des éclats dans les toile de son planeur ressemblait au bruit sourd d'une peau de tambour tendue. A 10h36, sans retard sur le plan, le pilote du planeur décrocha le câble et amorça une rapide descente. La mitraille était dense et des tirs d'armes légères avaient déjà atteint le planeur. Les hommes s'agrippèrent les uns aux autres et bloquèrent leurs armes contre leurs corps pour être éviter d'être blessés en cas de choc lors de l'atterrissage. « Je me souviens que nous avons atterri au centre d’une pâture après avoir arraché une clôture et heurté un fossé et un poteau qui ne résista pas au choc. Le planeur s’arrêta en glissant sur le nez à grand renfort de crissements. A quelques mètres du sol, selon la procédure apprise à l’entraînement, j’ai déverrouillé la porte pour éviter que nous soyons bloqués à l’intérieur en cas de déformation de la carlingue. Nous étions tellement drillés que mes camarades sortirent avant même que le planeur ne soit entièrement immobilisé. Nous nous sommes regroupés, tapis sous l’aile lorsque quelqu’un cria de ne pas bouger. C’est alors que j’ai levé les yeux et vis un autre planeur passer à une quinzaine de centimètre au-dessus du nôtre, il manqua de nous emboutir ! D’autres n’eurent pas la même chance et se télescopèrent ou s’écrasèrent dans les arbres. Bien que le train d’atterrissage gauche de notre planeur fût plié, nous étions indemnes, ainsi que notre équipement. Autour de moi, les champs étaient remplis de planeurs, car notre Serial était parvenu à atterrir bien groupé. Je ne parvenais pas à me situer et j’ai ordonné à mes hommes de suivre notre Platoon Sergeant le Technical Sergeant Curtis Rome, qui lui semblait connaître notre position. Plus tard, nous avons retrouvé notre Platoon Leader, le Lieutenant Joseph Thomson. »

Selon la planification, le 1/194GIR du Lt. Col. Barnett, devait se positionner au nord-est et l’est de la LZ-S pour tenir les berges de la rivière Issel, en défendre les 5 ponts et au besoin, les détruire. Le bataillon remplit rapidement sa mission malgré une résistance provenant des bosquets et fossés dans lesquels les Allemands avaient pris place. 

Quarante-cinq minutes après son atterrissage, le 2/194GIR du Lt. Col. Stewart fut suffisamment rassemblé pour submerger les défenses ennemies et prendre ses objectifs. Sa mission consistait à s’emparer et tenir les trois ponts enjambant le canal de l’Issel à Obrighoven, entre l’embranchement avec la rivière Issel et la ligne de chemin de fer « Emmerich-Wesel ». Le bataillon dispersa deux contre-attaques, incluant des chars avant d’atteindre les berges du canal de l’Issel et, plus tard, d’effectuer la jonction avec les unités terrestres britanniques. En après-midi et pendant la nuit, la résistance allemande se fit plus forte et mieux organisée, principalement près de la rivière et du canal. La G/194GIR fut la première à atterrir, mais majoritairement en dehors de la LZ-S. Son objectif étant de s’installer durablement le long du canal à proximité de la voie ferrée, elle combattit en chemin vers l’endroit convenu, une zone s’étendant sur près de deux mille mètres de long. En un quart d’heure, la E/194GIR  rassembla un peloton, fit des prisonniers et vint se placer à gauche de la G/194GIR, sur une distance d’environ cinq cents mètres. Situé en plein centre de la LZ-S, le poste de commandement du 1052. Infanterie Regiment et du Artillerie Regiment « Elbe » allaient bien vite changer de main grâce à la F/194GIR du Capitaine Dukes qui avait atterri à proximité, au centre de la LZ-S. John ne fit pas partie de cette action, mais combattit non loin de là. La compagnie poursuivit son chemin pour tenir le canal de l’Issel  à la gauche de la E/194GIR jusqu’à l’écluse « Bärenschleuse ». Elle captura intact le pont compris dans cette zone et renforça sa présence par de mitrailleuses lourdes et des mortiers, dispositif qui s’avéra utile lors des contre-attaques ennemies qui se déroulèrent pendant la journée. Au cours de sa progression, la F/194GIR captura environ quatre cents prisonniers et détruisit trois chars à l’aide de bazookas.

De son côté, le 3/194GIR, dernier bataillon à atterrir, et éparpillé en divers endroits, parvint à se regrouper vers 16h et à sécuriser la voie ferrée « Emmerich-Wesel ». Il se vit adjoindre le 435th Glider Pilot Combat Team qui fit face à une contre-attaque nocturne.

L’essentiel des combats sur la LZ-S cessa vers 15h, seules des escarmouches persistèrent jusqu’en fin de journée. Le régiment affronta des éléments de la 84. Infanterie Division appuyées par des unités éparses de Flak 20mm et 88mm ainsi que de canons automoteurs et quelques chars.

Ce jour-là, une fois la situation plus claire sur la LZ-S près de Lackhausen, le platoon de John Leather passa à l’action en sécurisant des fermes et des maisons pour en déloger les Allemands qui en avaient fait des points de résistance. Vers 16h, il atteignit le canal de l’Issel et parvint même à s’installer sur la rive est. Malheureusement, le reste de la progression ne se déroula pas comme prévu. « Mon squad était sur un chemin lorsque notre Platoon Sergeant, courant vers moi, nous ordonna de nous mettre à couvert dans une tranchée. J’ai vite compris qu’un char pointait son canon vers nous et tira un obus. Pourquoi un obus ? Une rafale de mitrailleuse n’aurait-elle pas suffi à nous mettre en déroute ? »

Cette rencontre face à un blindé ennemi influença l’histoire de John qui aurait préféré rester aux côtés de ses frères d’armes. « L’obus tiré par le char frappa un gros arbre et la déflagration me fit voltiger une fraction de seconde, sans toutefois m’étourdir. J’ai bien senti que quelque chose avait touché mon pied droit, mais j’ai continué à courir vers la tranchée. A l’abri, j’ai retiré ma chaussure, il y avait une tache de sang sur ma chaussette. Je ne voulais pas quitter mon squad pour si peu, mais cela me faisait de plus en plus mal. J’ai juré un petit moment. Finalement, j’ai décidé de me rendre à un poste de secours, sur l’insistance d’un de mes hommes, j’ai cédé mes grenades et mes munitions à l’un d’eux, ne gardant qu’une grenade et un clip de cartouches dans mon fusil. Je pensais m’y faire soigner puis retourner en ligne, malgré le fait que je devais m’appuyer sur mon fusil, je fus apeuré lorsque je vis des Allemands dans le poste médical, mais je compris assez vite qu’ils aidaient nos infirmiers certainement heureux que la guerre soit terminée pour eux. » Pour John, les combats sur le théâtre d’opérations européen s’arrêtèrent ce jour-là, car sa blessure fut plus grave que ce qu’il pensait : un éclat d’obus s’était logé au milieu de nerfs et tendons. Le lendemain, on l’évacua sur la rive occidentale du Rhin pour y être pris en charge par une unité médicale plus conséquente.

A contrecœur, il dut quitter ses hommes qui continuèrent à se battre en Westphalie. Son régiment participa ensuite à la prise des villes de Haltern, Dülmen, Notuln et Münster avant d’être rattaché à la 95th Infantry Division avec laquelle il traversa encore Suttrop et Arnsberg, dans le bassin de la Rühr. La progression fut très rapide et couvrit une grande distance, tant les forces allemandes s’effondraient devant la poussée alliée. Le 12 avril resta dans l’histoire du 194GIR comme son dernier jour de combat en Europe.

La fin d’une époque :

Après avoir séjourné dans diverses antennes médicales, John Leather arriva au 28th General Hospital installé à Liège, Belgique. Sa convalescence lui donna l’occasion de visiter Paris au mois d’avril. Blessé au combat face à l’ennemi, on lui décerna la « Purple Heart Medal ». Il réintégra la F/194GIR juste au moment de la capitulation allemande. A cette époque, l’unité stationnait à Essen, ville prise le 10 avril par le 507PIR. Très vite, les autorités militaires alliées entreprirent la sécurisation, la pacification et la dénazification des territoires occupés. Comme bien d’autres, John consacra une bonne partie de son temps à rechercher des armes, perquisitionner des bâtiments et traquer les nazis cachés. Outre ces missions de maintien de l’ordre, il goûta aux joies du temps de paix en pratiquant le kayak sur le canal de la Rühr ou en participant aux compétitions sportives régimentaires dans le stade de Duisburg.

Le 15 juin, la 17th Airborne Division commença son retrait des villes allemandes qu’elle occupait et fut transférée dans la région de Nancy, en Lorraine, France. Le 194GIR prit ses quartiers à Lunéville, département de Meurthe-et-Moselle, chaque bataillon logeant en un lieu différent. Le 2/194GIR séjourna à la caserne Stainville, où régnait un air dilettante grâce au soleil estival et à la température élevée.

Quelques semaines plus tard, le Staff Sergeant Leather fut muté au 515th PIR de la 13th Airborne Division et ce à cause de son brevet de parachutistes et de son nombre de points insuffisants pour être démobilisé. Il allait donc bientôt rejoindre les Etats-Unis pour ensuite être envoyé combattre les Japonais sur le théâtre d’opérations du Pacifique.

Lors de la première quinzaine du mois d’août, John fut transporté vers le camp de transit « Lucky Strike », près de Saint-Valéry-en-Caux, département de la Seine-Maritime. Il y séjourna un court moment avant d’embarquer le 14 août au port du Havre à bord du Victory Ship USS Costa Rica Victory, qui largua les amarres à destination du port de New York le lendemain. Ce même jour, la capitulation du Japon mit fin à la Seconde Guerre mondiale et changea radicalement la destinée de John. « J’ai pris peur deux fois à bord de ce navire. Je dormais dans ma couchette lorsqu’un incroyable tintamarre me réveilla, sur les quais, les hommes faisaient du bruit avec tout ce qui était possible. J’ai bien crus que la guerre avait recommencé et que l’on me renverrait sur le front. En fait, c’était l’annonce de la reddition japonaise qui se rependait ; j’en étais fort heureux. Aussi, au cours de la traversée, nous avons essuyé une tempête et l’ancre martelait le flanc du navire. Les coups étaient si forts que je pensais que la coque allait céder, mais il n’en fut rien, bien heureusement ».

John arriva à New York le 22 août et se retrouva ensuite à Fort George Meade, là où tout avait commencé pour lui deux ans et demi plus tôt. Toutefois, sa blessure continuant à lui causer des problèmes ; il subit une opération chirurgicale infructueuse. Le chirurgien l’informa que l’éclat était très mal situé et que s’il était retiré, il risquait de causer des dégâts irrémédiables aux nerfs et aux tendons. A ce jour, John vit toujours avec cet éclat dans le pied droit.

Et après ?

Le Staff Sergeant Leather fut démobilisé le 19 novembre 1945, deux mois après la désactivation de la 17th Airborne Division. Une fois rendu à la vie civile, John retourna travailler pendant neuf mois chez « Danzler Metal. » Il suivit ensuite des cours techniques à la « Milwaukee School of Engineering » et revint à Hagerstown avec son certificat de qualification. Il trouva un emploi à la « Hagerstown Plumber Company », section chauffage, où il fit équipe avec Grant Auman, un vétéran de la Navy. Ensemble, ils créèrent rapidement leur propre société de chauffage et de plomberie. Ils travaillèrent en partenariat jusqu’au départ de Grant. John continua alors seul jusqu’à sa retraite.

Au tournant des années 1945-1946, John rencontra Lorraine Weaver, de trois ans son aînée. Les deux jeunes gens se marièrent le 7 juin 1946 et fondèrent une famille de quatre enfants : Steve, Becky, Susie et David. John devint grand-père en 1999, puis en 2005. Lorraine décéda d’un cancer en 1999. Deux ans plus tard, il rencontra Geraldine Knott qu’il épousa en seconde noces quelques temps après. A ce jour, il partage son temps libre entre le jardinage, les réunions d’anciens de la 17th Airborne Division et le bénévolat dans les associations locale de vétérans.

John servit d’abord aux Etats-Unis pendant 16 mois et 10 jours, puis un an et 9 jours outre-mer, dont 18 jours de traversées transatlantiques aller et retour. Revenu aux Etats-Unis, il servit encore 2 mois et 27 jours jusqu’à sa démobilisation. Il fut engagé dans les campagnes « Ardennes-Alsace », « Rhineland » et « Central Europe ». Le Staff Sergeant John Leather est récipiendaire des décorations suivantes : Bronze Star, Prurple Heart, Good Conduct Medal, American Theater Medal, European-African-Middle Eastern Theater Medal with one Bronze Arrowhead, and three Bronze Stars, WWII Victory Medal, Occupation Medal, Distinguished Unit Citation. Il est également titulaire des brevets de « Glider Badge », « Parachutist Badge » et « Combat Infantry Badge ».

John et sa famille lors de la "Dead Man's Ridge Walk" en 2014

Mon fils et moi en compagnie de John lors de la "Dead Man's Ridge Walk" en 2014