JOSEPH "Joe" M CICCHINELLI

A LA MEMOIRE

C'est avec beaucoup de tristesse que je dois vous faire part de la disparition de Joe Cicchinelli. Il est décédé près de ses proches le 10 octobre 2014.

Nous ne t'oublierons jamais, Joe, repose en paix, merci pour tous.

Un grand merci à Joe Cicchinelli pour avoir accepté et prit le temps de répondre à mes nombreuses questions lors de notre rencontre et merci à Dominique Potier et Patrick Brion qui m'ont permis de faire cette rencontre.

 

 

 

Joseph Mario Cicchinelli est né le 27 août 1923 à Beaver Falls, Pennsylvanie. Ces parents sont des immigrés venus d’Italie. Son papa étant arrivé aux Etats-Unis en 1909 et sa maman en 1916. La famille compte 7 enfants.

En 1932, la famille déménage vers l’Ohio dans la ville de Massillon.

« La vie n’était pas facile pour nous. Le pays se remettait de la grande crise économique des années 30. Malgré leurs maigres moyens, mes parents ont toujours veillés à notre éducation et à ce que nous ne manquions de rien. »

Peux de temps après l’attaque Japonaise à Pearl Harbor, Joe décide de se porter volontaire pour l’armée.

« Je voulais devenir mécanicien dans la forces aérienne. Mais j’ai échoué aux tests d’aptitude. Je fus versé dans l’infanterie. 

En juillet 42, j’ai reçut une instruction au Camp Wolters dans l’état du Texas. C’est là qu’a commencé ma passion pour la boxe. J’ai suivi 3 mois d’instruction à Wolters. On parlait de plus en plus des troupes aéroportées et par défi, j’ai décidé de m’engager dans ce corps d’élite. »

A la fin du mois de septembre 1942, Joe arrive à Fort Benning en Géorgie où il suivra le stage pour devenir parachutiste.

« L’entraînement était très intense. Durant 4 semaines, nous avons appris à sauter en parachute d’une tour qui était spécialement prévue à cet effet. Cela devait nous donner un aperçut de ce qu’était un saut depuis un avion. La partie la plus difficile fut les 5 sauts à partir d’un C-47. A partir de ce moment là, vous deveniez parachutistes. Je ne me rappelle pas de la date du 1er saut. Ce devait être en octobre 42. Par contre, le 3ème saut, je m’en souviens bien m’être demandé ce que je faisais là. Après ce 3ème saut, je ne me suis plus inquiété. »

Joe est donc breveté parachutiste en octobre 1942. En novembre de la même année est créée le 551st Parachute Infantry Battalion (PIB) que rejoindra Joe. Le 11 décembre 1942, le bataillon quitte Fort Benning pour le Camp Patrick Henry à Newport News en Virginie.

Le 27 décembre, les hommes embarquèrent à bord du Joseph T Dicram, direction le Sud.

« Avant d’embarquer, nous avons dû retirer tous nos insignes qui pourraient nous identifier comme parachutistes. Ce fut très dur parce qu’on avait beaucoup travaillé pour obtenir nos ailes. Notre convoi formé de 11 bateaux prit la direction du Sud. Je me souviens du mal de mer. Notre convoi fut aussi attaqué par des U-Boot Allemands qui coulèrent 2 bateaux. Tous les hommes entendirent les torpilles exploser. »

En janvier 1943, le bataillon arriva dans la zone du Canal de Panama. Après avoir débarqué à Balboa, les hommes sont envoyés au Fort Kobbe. Là, le 551st PIB reprit l’entraînement.

« Je me souvient que lors d’un entraînement aux techniques de combats à la baïonnettes, l’instructeur nous a dit de retirer les lames que nous gardions habituellement dans son fourreau. Durant cet entraînement, pas mal de type se blessèrent légèrement. Nous avons aussi modifié le parcours d’obstacles que nous trouvions trop facile pour nous. »

L’entraînement se durcissait de plus en plus.

« Je me souvient que l’on testait pas mal d’équipement au Panama, notamment un poignard avec un coup de poing. Je l’ai ramené à la maison en août 1943 lors d’une permission. Il ne m’a pas servit en Europe. »

Le bataillon partit également en manœuvre dans la jungle de Rio Hato durant deux semaines.

Le 13 mai 1943, le 551st PIB fut mis en alerte en vue d’une opération sur la Martinique qui était sous le contrôle français. Les Alliés avaient peur que le gouvernement de Vichy accepte d’héberger une base pour les U-Boot.

« Je me souvient que ma compagnie, la "A", avait pour mission de sauter sur le terrain d’aviation de l’île. Nous sentions tous que le jour "J" approchait. Un matin, nous avons reçut l’ordre de nous équiper en tenue de combat et nous avons été emmenés par camion à Balboa. »

Finalement, cette opération fut annulée. Les hommes du 551st PIB reçurent un repos bien mérité. Le 20 août 1943, le bataillon réembarque à Balboa, direction San Francisco. Trois jours après, le 551st PIB est envoyé en Caroline du Nord au Camp Mackall, le 3 septembre 1943.

Durant les deux dernières semaines d’octobre et durant le mois de novembre 1943, le 551st PIB effectua 5 sauts à partir de planeurs et également à partir d’avions et de planeurs.

Au mois d’octobre 1943, le bataillon allait vivre de gros changement, le Colonel Joerg quitte le commandement au profit du Lieutenant Colonel Graves.

Le Lt. Col. Était un homme très durs. Le 16 février 1944 fut une date très triste pour les hommes du 551st, le Lt. Col. Graves choisi cette date pour faire sauter le bataillon de nuit à proximité du Camp Mackall. La DZ se situait entre deux lacs près de la petite ville d’Hoffmann.

« Les pilotes de C-47 assignés à cette mission n’avaient quasiment pas d’expérience. Ma compagnie devait sauter près du lac Broad Acres. Ont a reçut des gilets de sauvetage contrairement aux autres compagnies. Je me rappelle que la lumière rouge s’est allumée pour nous dire de se préparer à sauter pour s’éteindre peu après. Preuve que les pilotes ne savaient pas exactement où ils se trouvaient. Lors de ce saut 8 paras perdirent la vie, noyés dans les eaux du lac. Moi j’ai eu de la chance d’atterrir dans un verger. »

Durant cette période aux Camp Mackall, Joe se maria avec Viola Ickes, le 14 mars 1944 à Bennetville en Caroline du Sud.

Joe et Viola Ickes. Photo prise en mars 1944.

 

Fin mars 1944, le Lieutenant Colonel Graves quitta le bataillon. Il ne fut pas regretté. Le Colonel Joerg fut réaffecté à la plus grande joie des hommes.

Le 2 avril 1944, le 551st PIB embarqua sur l’Abraham Lincoln au port d’Hampton Roads à Norfolk. Durant 3 semaines de voyage, le convoi fut attaqué et 14 bateaux furent touchés. Le 12 mai 1944, le bataillon débarque à Oran pour être dirigé vers Merze-El-Khebir. Après quelques jours, le bataillon réembarque pour Naples où il arriva le 23 mai 1944. Ensuite, direction le détroit de Messine pour la Sicile.

« Nous sommes arrivés à Trapani où nous avons plantés nos tentes et repris l’entraînement. Je me rappelle surtout d’une marche forcée que nous avons effectuées sans eaux et avec peu de nourriture. »

Après 4 semaines, le 551st est envoyé à Rome. Le 12 août 1944, les hommes du 551st furent emmenés sur l’aérodrome de Montalto, au Nord de Rome. Là, ils reçurent les informations sur leur opération dans le Sud de la France.

« Ce n’est que le matin du 15 août 1944 que nous avons appris la localisation exacte de la DZ. Après le briefing on nous servit un repas, notre moral était au beau fixe. Je me souvient que certain d’entre nous portaient des palmiers peints de chaque côté du casque en souvenir du Canal du Panama. Bizarrement, je ne me rappelle pas que le miens en portait. »

A 15h30, Joseph Cicchinelli grimpe à bord de son C-47, direction la DZ A située à 800 mètres au Sud de La Motte.

« J’ai sauté vers 18h10, j’étais le 3ème homme du stick. Le saut c’est bien passé et je n’ai rien perdus du matériel que j’avais à transporter. Une fois au sol, je me suis débarrassé de mes parachutes, j’ai donné les roquettes que je transportais à l’équipe de bazooka et je me suis dirigé vers la zone de rassemblement. Un de mes camarades qui devait porter la mitrailleuse se blessa lors de l’atterrissage. J’ai transporté sa mitrailleuse pendant un bon moment. Après avoir pris position pour couvrir la route proche de la DZ, quelqu’un me remplaça à la mitrailleuse et j’ai commencé mon travail d’éclaireur.

Avec mon Lieutenant et un autre gars, on est parti en patrouille vers Draguignan. Nous sommes rentrés dans la ville sans aucun problème, pas d’Allemands. Le Lieutenant me donna l’ordre de retourner chez le Capitaine Dalton pour lui faire rapport de la situation. J’ai courus 5 km jusqu’à nos lignes tout seul en plein territoire ennemi. Inutile de dire que je n’étais pas rassuré du tout !  »

Le 16 août, le Colonel Joerg donna l’ordre de pénétrer dans la ville. La compagnie A en tête et bien sûr, Joe en tête de la compagnie.

« Je me souvient très bien qu’une fois entré dans la ville, j’ai trouvé un français. Je lui ai demandé où donc était les Allemands ? Il me montra une grande maison, la villa Gladys. On s’est approché de la maison sans rencontrer de garde. Mon copain, Don Thompson me dit : « Let’s take the bastard » (Attrapons ces bâtards) On a pénétré dans le bâtiment et on a défoncé une porte. A l’intérieur, il y avait un groupe d’Allemand, des officiers qui étaient très étonnés de nous voir ! Nous l’avons appris plus tard, mais nous venions de capturer le premier général Allemand de tout le front de l’Ouest, le général Bieringer. Je me rappelle qu’il y avait sur son bureau un appareil photo que je prit et à l’extérieur un drapeau nazis que je pris également. J’ai fait cadeau de ce drapeau en 1985 au Maire de la ville. On a fouillé le bâtiment et on a trouvé dans une cave des sacs pleins d’argent français et Allemands et de l’alcool. Avec le Sergent Thopson et Ed Schultz, nous avons descendu la rue de la ville à bord d’une camionnette et moi et mon copain Hook avons tout distribué aux habitants ! Ont étaient accueillis comme des héros. C’était incroyable. »

Ensuite, le 551st PIB se dirigea vers Cannes. Joe Cicchinelli en tête dans une mission de reconnaissance. La ville fut prise le 25 août 44. La ville suivante fut Nice.

« L’accueil dans Nice fut incroyable. Déjà à Cannes nous avions été accueillis chaleureusement, mais cette fois-ci, c’était de la folie. »

Le 2 septembre 1944, une patrouille fut envoyée vers Monaco, Joe en fit partie. Le 4 septembre 1944, le 551st est envoyé dans le Var. Les homes purent y prendre un peu de repos. Ensuite, ils rejoignirent le 509th PIR dans les Alpes Maritime. La compagnie A occupa la petite ville d’Isola.

« Le 19 octobre, je parti en patrouille avec 7 autres hommes. Nous approchions d’une petite chapelle sur les hauteurs d’Isola quand un obus d’artillerie tomba sur l’édifice. Nous nous sommes rapidement couché sur le sol. En me relevant, je vis à quelque centimètre de moi un grand chapelet en bois éjecté de la chapelle. Je l’ai récupéré et envoyé chez moi. En 1996, je les remis aux habitants d’Isola. Il se trouve actuellement au cou de la statue de la Sainte Vierge. »

Ce fut une situation très stressante pour Joe et ses compagnons parce que leurs positions étaient continuellement harcelées par les tirs de mortiers et de canons.

« Pendant cette période à Isola, nous avons bénéficiés de permission pour nous rendre à Nice. »

Le 8 décembre, Joe et ses camarades sont envoyés vers Reims et le 18 décembre ils apprirent la nouvelle de l’attaque Allemande dans les Ardennes.

« Nous avons appris la nouvelle de l’attaque Allemande en Belgique dans la nuit du 18 décembre. On nous a dit de nous préparer à faire mouvement rapidement, la situation était très tendue. On nous distribua des munitions et des grenades ainsi que des rations de combats. Ensuite, ce fut l’attente. »

Le lendemain à 14h00, les hommes embarquèrent dans des camions direction Werbomont en Belgique. Ils y arrivèrent dans la nuit du 20 au 21 décembre 1944. Le 25 décembre, le 551st fut placé sous les ordres de la 82nd Airborne Division. Ils reçurent l’ordre de lancer un raid vers le Hameau de Noirefontaine.

« Lorsque nous avons appris l’ordre de mission, beaucoup d’entre nous ont pensé que c’était du suicide. S’enfoncer dans les lignes ennemies était une chose mais en revenir était une autre. »

Mais la mission fut accomplie, les hommes revinrent avec des prisonniers. Le général Gavin vint en personne les féliciter. La 82nd Airborne fut désignée pour mener une contre attaque le 3 janvier 1945 avec le 551st et le 517th en support. L’objectif du 551st fut la prise de Sol Mé, Hèrispehé et Dairomont.

« Je n’oublierais jamais cette journée du 3 janvier. La neige était épaisse et rendait notre progression difficile. Nous avons reçut l’ordre de traverser une prairie pour prendre position dans les bois qui se trouvait au dessus d’un champ. Nous avions parcourus environs la moitié du champ lorsque les Allemands ouvrirent le feu. Je fus légèrement blessé aux genoux. »

Malgré les tirs, ils continuèrent à avancer et atteignirent leurs objectifs. Le dernier était le prise du village de Dairomont. En tant qu’éclaireur, Joe était en tête de sa compagnie. De nouveau, dans le champ à découvert, les Allemands ouvrirent le feu.

« Il y avait même un char Allemand caché près d’une ferme et commença à nous envoyer des obus. Le Sgt Thompson m’avait rejoint quand une rafale de mitrailleuse passa entre nous me blessant aux genoux. Nous avons couru jusqu’à un petit ruisseau où nous avons sauté pour nous abriter. Ensuite, j’ai continué ma progression. »

Tout en progressant sous les balles et les obus, Joe atteint une route. L’unité continuait à progresser.

« Je me souviens de toute cette neige couverte de sang de mes camarades. Cette vision me hante encore aujourd’hui. Le Capitaine Dalton était blessé. »

Joe lui sauva la vie et après l’avoir mis en sûreté pour qu’il soit emmené à un post de secours, Joe retourna à l’attaque. Ils passèrent la nuit là, en face des Allemands, sans manger et transit de froid. Le 551st se trouvait à l’Ouest de St Jacques. Le 4 janvier 1945, la Compagnie de Joe reçut l’ordre d’éliminer les tireurs qui, à droite de la compagnie B, l’empêchait d’avancer.

« Je me rappelle que la situation était difficile pour nous. Nous avons du attaquer les positions ennemies à la baïonnettes. J’avais si peur que je pensais vomir. Nous poussions des cris pour nous donner du courage. Nous sommes tombés sur les Allemands comme des diables enragés ne leurs laissant aucune chance. Après l’attaque, je me souviens avoir retiré ma baïonnette et l’avoir passé entre mes cuisses pour enlever le sang qui était dessus. A bout de souffle, je tentais de reprendre ma respiration et mes esprits. La nuit tombait. »

Après la prise du village, le 5 janvier 45, la compagnie A fut placé en réserve. Le 6 janvier, le 551st PIB allait faire mouvement pour un nouvel objectif, Rochelinval. Joe reçut l’ordre du Lieutenant Durkee de rester dans un bois avec les blessés à attendre les brancardiers et ensuite rejoindre le bataillon.

« Je lui fis remarqué que nous étions en territoire ennemi et que les brancardiers auraient beaucoup de mal à nous trouver, mais le Lieutenant me demanda de me taire et d’exécuter l’ordre. »

Avec un autre homme, Larry Poston, Joe resta donc à attendre. Après quelques heures, ils entendirent du bruit. Mais au lieu des brancardiers, ce sont des Allemands qui passèrent. Le petit groupe ne se fit pas repérer à ce moment là. C’est après, quand Larry Poston revint de sa reconnaissance, que des Allemands l’accompagnèrent. Joe et Larry furent séparés des autres. Ils furent emmenés en captivités.

« Je me souvient que nous avons traversé un village Allemand. Nous étions parmi un groupe d’aviateurs. Ils étaient détestés par la population. Les civils nous ont lancés des pierres et nous frappaient avec des bâtons. Arrivé au camp de prisonnier, j’ai été placé dans une cellule tout seule J’ai beaucoup souffert de cette situation. Je pensais qu’à tout moment les Allemands allaient m’exécuter. »

Ensuite, il fut interrogé par un lieutenant qui parlait anglais et enfin, il rejoignit son camarade Larry dans une cellule. Ils furent encore interrogés séparément. Quelques jours plus tard, ils furent déplacés dan un bâtiment que les Allemands utilisaient comme station de communication.

« A ce moment, notre gardien était un Autrichien. Il parlait un peu Italien. J’ai compris qu’il voulait déserter pour se rendre aux troupes américaines. Il avait été enrôlé de force dans l’armée Allemande. Nous avons échafaudé un plan d’évasion pour la nuit. Mais l’Autrichien fut découvert et il se suicida. »

Au matin suivant, ils embarquèrent dans un camion non bâché, puis après un voyage épouvantable à bord d’un train, ils arrivèrent après 4 jours au Stalag 4B, près de Dresde. Joe et Larry furent enfermés avec des prisonniers Anglais dans un baraquement.

« Nous avons plusieurs fois songé à nous évader mais nous étions terriblement affaiblis et les chiens nous auraient très vite rattrapés. Nous étions très mal nourris, notre ration journalière était constituée de quelques feuilles de thé et parfois quelques haricots. »

« Ce sont des Russes qui ont libérés le camp. Libre, l’un de notre premier objectif fut de trouver de la nourriture. Une fois sortie du camp nous avons progressé vers l’Ouest. »

Ils arrivèrent à Leipzig. C’est dans cette ville qu’ils apprirent que la guerre était finie, on était le 8 mai 1945. Finalement, toujours accompagné de Larry, Joe embarqua sur un bateau pour traverser l’Atlantique et atteindre Boston.

« Une fois débarqué, j’ai immédiatement téléphoné à Jean qui m’a annoncé que j’étais papa d’une petite fille de 7 mois et demi, Paulette Jean. Poly était né le 10 décembre 1944 mais l’annonce ne me parvint jamais. J’ai regagné Massillon dans l’Ohio en juillet 1945. Je suis rentré dans la maison sans faire de bruit. J’ai ouvert la porte de la chambre et je ma suis assis au bout du lit. Jean s’est réveillée. En me voyant, elle a pensée qu’elle rêvait. J’ai pris la petite main de ma fille. Jean s’est mise à pleurer. »

 

Jean, Joe et leur fille Pauly.

 

Les services de l’armée apprirent à Joe que le 551st PIB était désactivé et que sa nouvelle affectation était dans la 82nd Airborne Division. Joseph Cicchinelli fut finalement démobilisé le 5 octobre 1945. La guerre l’avait profondément changé. Il lui arrivait de prendre sa voiture et de rouler sans but durant 2 ou 3 heures. La neige de l’hiver lui faisait ressortir de terrible scène du passé de son esprit. Joe suivit plusieurs thérapies. Il servit aussi de bénévole dans un service psychiatrique d’aide aux vétérans de la guerre du Vietnam.

Comme profession, Joe, après avoir exercé plusieurs petits métiers il devint facteur.

Joe participa et participe encore aux réunions des anciens du 551st PIB. Il aime surtout revenir en Belgique et dans le sud de la France.

« J’ai souvent souffert du manque de reconnaissance des gens de mon pays. Pour eux, on a fait notre boulot et on était payé pour celui là. Lors de mon premier retour en Europe, j’ai été agréablement surpris de constater que ce sentiment n’était pas partagé par les citoyens belges et français. Je ne pourrais jamais assez remercier mes amis belges et français pou leur gentillesse. »

Pour l'anecdote, Joe fit toute la guerre comme Private First Class. C'est en 1948, quand il reçut sa Bronze Medal qu'il découvrit qu'il avait été élevé au rang de Caporal.

 

Joe Cicchinelli et moi lors de notre rencontre à Tank in Town (Mons) en 2008.